1856-1913 : Fondation et premiers défis
C’est le 10 mai 1856 que paraît le premier numéro de la Revue militaire suisse, sous l’impulsion de Ferdinand Lecomte, alors capitaine d’artillerie, qui restera son rédacteur en chef jusqu’en 1895. Il n’existe alors en Suisse qu’un seul périodique militaire, le Schweizerische Militärzeitung, créé en 1852 à Bâle par le major Wieland, qui paraît aujourd’hui sous le titre d’Allgemeine Schweizerische Militärzeitschrift.
Dans un avis, la rédaction de la RMS explique les buts qu’elle entend poursuivre : « C’est pour répondre à ces voeux exprimés de divers côtés que nous entreprenons la présente publication en espérant le concours de toutes les personnes qui s’intéressent au développement de la vie militaire en Suisse et en comptant, entre autres, sur l’appui de nos frères d’armes des différents corps d’officiers [cantonaux]. Sous le rapport du développement des connaissances militaires, il faut reconnaître que la Suisse [romande] n’a pas le lien, l’unité d’action qui se rencontre dans la Suisse allemande, ce qui tient peut-être à ce que celle-ci possède depuis longtemps un organe plein de zèle et d’intérêt dans le Schweizerische Militär Zeitung […]. Aussi notre intention est-elle de donner la traduction des publications les plus intéressantes de cette feuille, mais nous pensons que des produits du crû, émanant d’officiers de la Suisse [romande], n’en auront pas moins de valeur. Nous recevrons donc avec reconnaissance toutes les communications qu’on voudra bien nous faire. Nous nous efforcerons de vouer une égale attention, pour autant que cela nous sera possible, aux différentes branches du militaire et de ne négliger aucun des éléments divers qui le composent […]. La Revue militaire suisse, recherchant un but d’utilité publique avant tout, désire être l’organe des officiers de la Suisse [romande] et un moyen d’instruction mutuelle pour eux. »RMS 1856, p. 1.
Le premier numéro est envoyé à titre d’essai, les lecteurs qui ne le refusent pas seront considérés comme abonnés. Qui ne dit mot consent ! Le 6 août 1856, la Société militaire générale accorde un subside de 550 francs, comme à la « feuille allemande ».
Les débuts
L’initiative de Lecomte est soutenue, notamment par le général Guillaume-Henri Dufour, qui s’adresse à lui en ces termes : « C’est une heureuse idée et que j’approuve fort, de faire pour les militaires de notre Suisse occidentale ce qui existe depuis longtemps pour ceux de la Suisse orientale. Ils ont un journal qui les tient au courant de toutes les inventions modernes, qui propage les bonnes idées, réveille les esprits, appelle les réformes devenues nécessaires et entretient dans notre jeunesse des goûts que les tendances du siècle ne parviennent que trop à effacer […]. Persistez dans cette utile entreprise. »Lettre du 26.5.1856, RMS 1856, p. 33.
La RMS s’attache à suivre l’actualité militaire. Lecomte, homme d’action qui n’hésite pas à se rendre sur divers champs de bataille à l’étranger, en parle dans la revue. Au début de l’année 1857, lorsque deux divisions sont mobilisées à cause de la menace de la Prusse, dans le contexte de l’affaire de Neuchâtel, il écrit : « Aujourd’hui mieux que jamais la Suisse peut faire la guerre pour son bon droit. Les coeurs sont unanimes, l’Armée suisse est bien préparée […] elle opérera chez elle, au milieu de populations sympathiques, sur un terrain connu, accidenté, impropre à l’action de la cavalerie prussienne […]. Si nos chefs ne sont peut-être pas tous aussi savants que le sont les officiers prussiens, du moins nous les connaissons et ils nous connaissent ; il y aura confiance mutuelle entre eux et les troupes […]. Le Suisse de nos jours ne déméritera pas de ses ancêtres, dévoué comme citoyen, confiant comme chrétien, ferme et vaillant comme soldat, il saura sauver la patrie ou tomber glorieusement avec elle. »RMS 1857, p. 1
Les buts de la revue sont élevés, ce qui n’empêche pas qu’après huit ans d’existence, elle traverse une crise, comme en témoigne un avis rédigé par Lecomte : « Si donc il a pu arriver que la RMS n’ait pas toujours répondu à l’attente de tous, MM. les officiers doivent s’en prendre en premier lieu à eux-mêmes […]. Il nous faut le concours intellectuel et l’appui moral des officiers de tous grades et de toutes Armes […]. Tous nous devraient leurs réflexions, leurs observations, leurs critiques même […]. Le niveau intellectuel de notre journal et, par lui, de l’Armée, irait toujours en s’élevant, pour le plus grand profit de tous. »RMS 1864, p. 418.
Jusqu’en 1865, la RMS, qui paraît tous les quinze jours, comporte en principe seize pages. Dans le numéro de septembre 1859 figure la première illustration : Le Vincent, un canon rayé, pris par les Autrichiens à Magenta. Par la suite, on trouve fréquemment des cartes ou des planches d’armes. A intervalles irréguliers, Ferdinand Lecomte publie des suppléments dans lesquels figurent plusieurs de ses écrits, notamment « L’Italie en 1860 » (1860 et 1861), « La guerre des Etats-Unis d’Amérique » (1862 et 1863), « La guerre du Danemark en 1864 » (1864 et 1865). Dès 1865, des suppléments sont publiés une fois par mois, consacrés essentiellement à une « Revue des armes spéciales ».
Un comité de rédaction apparaît à cette époque. Lecomte est tout d’abord secondé par le capitaine fédéral d’artillerie Ruchonnet et par le capitaine fédéral du génie Cuénod. Il semble y avoir une certaine instabilité au sein de la rédaction, puisque 18 rédacteurs vont se succéder pendant 25 ans. Parmi les collaborateurs occasionnels, le général Dufour et le général Henri-Victor de GinginsH.-V. de Gingins (1792-1874), lieutenant au régiment de Watteville au service d’Angleterre (1807-1816), membre du Petit Conseil bernois (dès 1825). En 1829, il entre au service de Naples comme major au 4e régiment suisse, lieutenant-colonel en 1832, puis colonel, général de brigade en 1848. Il démissionne la même année. . En 1869, Edouard SecrétanSecrétaire au Département politique fédéral à Berne (1871-1874), correspondant à Berne (1871-1874), puis colonel et rédacteur en chef de la Gazette de Lausanne (1874-1917). publie un de ses premiers textes : « Du passage des Alpes par Annibal ». Beaucoup d’articles ne sont malheureusement pas signés.
La RMS commente abondamment les événements de la guerre franco-prussienne de 1870-1871, les graves lacunes de l’organisation militaire suisse, qui vont amener une refonte des institutions, dont la base légale sera la nouvelle Constitution fédérale de 1874. Elle publie le Rapport du général Herzog concernant la mise sur pied en juillet-août 1870. Elle ne berce pas d’illusions ses lecteurs ! L’effort à fournir doit l’être, non seulement par le citoyen, mais également par l’Etat dont le premier devoir consiste « à ne pas laisser son Armée manquer de ce qu’il lui faut pour être prête à combattre. »RMS 1871, p. 55. La landwehr « est dans un état fort peu rassurant ; la troupe existe, mais le cadre d’officiers et de sous-officiers est toutefois incomplet, les armes encore extraordinairement défectueuses et l’habillement n’existe souvent qu’en partie. »Ibidem.

Collection de cartes postales militaires de la Bibliothèque Am Guisanplatz
Dès janvier 1882, la RMS devient mensuelle. La rédaction « veut rester étrangère à tout esprit de parti ou de coterie, comme à toute préoccupation de bénéfice matériel […]. Elle ouvrira ses colonnes à toutes les opinions, pourvu qu’elles soient exprimées dans un langage convenable »RMS, décembre 1881. , une formulation déjà proche du texte qui figure dans son impressum de 2006 : la RMS « est un organe de publication officiel de la Société suisse des officiers. Elle appartient aux sections cantonales de Suisse romande et de Berne. Elle est éditée par l’Association de la Revue militaire suisse. Le but de la RMS est, notamment, de faciliter l’échange sur les problèmes militaires et de développer les connaissances et la culture générale des officiers. Les textes publiés expriment la seule opinion de leurs auteurs. La RMS est ouverte à toutes les personnes soucieuses d’oeuvrer constructivement au bien de la défense générale. »
Malgré un rythme de publication moins élevé, la qualité des articles diminue. Ferdinand Lecomte, le pilier central de la revue, se trouve très absorbé par ses autres fonctions, dont celle de commandant de la 2e division d’armée. Les articles originaux deviennent moins nombreux, les publications d’actes officiels, de nominations, de mises à disposition se multiplient. Le « Courrier des lecteurs » disparaît peu à peu. La rubrique bibliographique subsiste, qui mentionne aussi bien des ouvrages suisses qu’étrangers. A la « Chronique suisse » s’ajoutent des chroniques sur les préoccupations et les innovations dans les armées étrangères.
Lorsqu‘il quitte sa fonction de rédacteur en chef, Ferdinand Lecomte a consacré 39 ans de sa vie à la RMS. Fondateur, animateur de ce périodique et l’un des écrivains militaires suisses les plus féconds, il l’a profondément marquée. Croyant à la nécessité de la RMS, il oeuvre inlassablement à son maintien et ne se laisse pas décourager. Il fait bénéficier les lecteurs de ses analyses d’événements qu’il a lui-même vécus ou au sujet desquels il s’est suffisamment documenté pour en donner une approche solide. Le colonel Feyler, son successeur, écrit de lui : « La sûreté de ses jugements, survenant au lendemain même des événements, témoignait de l’indépendance de son esprit et de la profondeur de ses connaissances. Ce n’est pas un petit éloge que celui adressé à un écrivain de savoir résister aux courants d’opinion qui se forment autour de lui ; il prouve par là que ses ouvrages sont scellés de la bonne marque historique, la marque de l’impartialité, de l’étude basée sur les faits et sur les principes avec pour seul but et unique souci : la vérité. »RMS 1889, p. 761.
1895-1914
Selon la Constitution de 1874, la Confédération, qui élabore dès 1875 une nouvelle Organisation militaire, s’occupe de l’instruction de toutes les Armes, les cantons conservant la charge d’équiper les hommes et le droit de disposer de leurs troupes d’infanterie. La RMS, fédéraliste, expose à de nombreuses reprises les différents projets et en fait la critique. Dans un article consacré à l’internement de l’armée du général Bourbaki en 1871, le chroniqueur prodigue des conseils au citoyen vaudois : « Qu’il se défie des réformes capricieuses du jour, dont la plupart tendent à affaiblir notre brave Armée au lieu de la renforcer ! »RMS 1895, p. 572. La centralisation – une armée fédérale – va à l’encontre du système traditionnel de la Suisse, les armées cantonales. A la veille de la votation populaire du 3 novembre 1895 sur la loi qui abolit le droit des cantons de nommer des officiers et remplace les directions militaires cantonales par des districts militaires fédéraux, on peut lire : « Les autorités cantonales sont évidemment mieux placées qu’un pouvoir lointain pour faire ces nominations en toute connaissance de cause […]. Déjà aujourd’hui, dans les nominations et promotions qui incombent au Conseil fédéral […], ne voit-on pas cette haute autorité avoir souvent la main très malheureuse, par manque de sûrs renseignements sur ses élus ? »RMS 1895, p. 451. Le rejet d’un projet trop centralisateur, n’est pas une surprise.
Le peuple souverain craint une augmentation des dépenses et de nouvelles obligations militaires. Alors que les forces armées des grandes puissances européennes s’accroissent, les autorités procèdent à des changements partiels et graduels. Les classes d’âge sont modifiées, l’armement amélioré. L’Organisation militaire demeure le sujet le plus fréquemment abordé par la RMS qui soutient celle de 1907 : « La tâche de tous est de travailler à l’acceptation de la loi. Que l’on songe aux conséquences qu’aurait son rejet par le peuple. Ce serait l’ajournement à un quart de siècle de toute réforme, de toute amélioration du régime actuel manifestement insuffisant. Et si, pendant cette période, des événements de guerre allaient nous surprendre, de quelle lourde responsabilité ne se sentiraient pas chargés ceux qui, ayant pu contribuer au succès, auraient refusé de le vouloir ! »RMS 1907, p. 307. A la veille du scrutin, on exalte les sentiments patriotiques. « La vraie question est de savoir si le peuple suisse est toujours décidé à affirmer sa virilité aux yeux de l’étranger, s’il est toujours convaincu que l’entretien d’une Armée solide est pour lui une nécessité politique et si sa foi en ses propres destinées est assez enracinée encore pour l’engager à accepter les sacrifices qu’elles lui imposent. »RMS 1907, p. 787. La nouvelle Organisation est adoptée à une faible majorité.
Pendant les années qui précèdent la Première Guerre mondiale, la RMS continue à informer ses lecteurs d’une manière précise. Le nombre des articles originaux augmentent, toutes les Armes y ont leur place, y compris l’aviation militaire qui en est à ses débuts. L’inquiétude naît, à cause des événements qui se déroulent autour de la Suisse. On encourage les cadres militaires dont la volonté ne doit pas faiblir : « Il est capital dans une armée qu’une émulation semblable [l’ambition d’arriver au but] anime tout le corps des officiers. L’idéal serait que chaque membre de ce corps ait la volonté tenace de distancer tous les concurrents, et de conquérir le plus haut grade par ses qualités, ses capacités et ses connaissances. Une telle émulation est indispensable […] car là où elle est absente règne la médiocrité, et c’en est fait de l’Armée. »RMS 1914, p. 154.
Les chroniques étrangères, malgré l’imminence du conflit, demeurent riches en renseignements. La « Chronique allemande » de juin 1914 fournit les effectifs des forces armées impériales. Le chroniqueur suisse donne des informations sur le Pavillon militaire de l’Exposition nationale à Berne, notant avec une pointe d’humour : « Il reçoit de nombreux visiteurs qui, n’y trouvant guère, comme cela va de soi, que des objets absolument publics et tels qu’on peut les voir partout sur nos places d’armes et au cours de nos manoeuvres, s’étonnent des innombrables défenses suspendues à tous les angles et sur les murs. N’avons-nous pas, en Suisse, un peu la manie des mystères militaires ? Pourtant il n’est pas un officier étranger qui en fasse la demande, à qui le Conseil fédéral n’accorde l’autorisation de visiter nos casernes, nos places d’armes, nos établissements militaires de toute nature. »RMS 1914, p. 427.
Dès sa création, la RMS s’efforce d’informer ses lecteurs, tant dans le domaine militaire suisse qu’à propos des armées étrangères ; en outre, elle publie des ouvrages qui vont connaître un certain succès. Dans les années 1860, elle a traversé une crise, mais son existence n’a pas été mise en question. A la fin du XIXe siècle, sa rédaction a su lui donner un nouvel élan. Emmenée par le colonel Fernand Feyler, elle est prête, à la veille de la Première Guerre mondiale, à remplir sa mission fixée en 1856.
1914-1918 : Pendant la Première Guerre mondiale
La RMS traverse courageusement ces cinq années de guerre ; les chroniques rédigées ou inspirées par Feyler en constituent la trame. Cet officier de milice a de nombreuses portes ouvertes dans les rédactions de journaux romands. Les circonstances multiplient les occasions de prendre position et de commenter la politique du Conseil fédéral, celle du chef du Département militaire, la personnalité et les décisions du général Ulrich Wille, l’antagonisme qui l’oppose au chef de l’Etat-major de l’Armée, Theophil von Sprecher, le fossé entre Romands et Alémaniques, « l’affaire des colonels »Dès août 1914, les colonels Friedrich Moritz von Wattenwyl et Karl Egli, appliquant le principe du « Donnant-donnant » transmettent aux attachés militaires allemands et austro-hongrois le Bulletin journalier de l’Etat-major de l’Armée et des dépêches diplomatiques décryptées en Suisse. Le non-lieu de la justice militaire est très mal reçu en Suisse romande. , l’attitude de la presse. Les « Chroniques suisses », d’une bonne tenue, au ton ferme mais jamais vainement polémiques, traitent ces thèmes, les opinions, étayées par des faits, sont exprimées avec netteté.

Photo : VBS/DDPS – Auteur inconnu
Dès l’automne 1914, la RMS suit l’évolution du conflit, commente les principaux événements à l’étranger, alors que la consigne interdit d’en faire de même pour les mesures militaires suisses. « Mieux vaut ne rien dire que de risquer des propos déplacés. D’ailleurs, la consigne est la consigne. C’est parfois une lâcheté de se taire. Aujourd’hui, c’est une vertu. »RMS, décembre 1914, p. 723. Lorsque la consigne de silence sera levée, il faudra lancer un programme national, une œuvre de reconstruction morale et un « programme international » d’exploitation, au niveau tactique et technique, des enseignements de la guerre. En 1914, la revue ne présente pas moins de 16 cartes annexées à différents numéros, entre autres « Les frontières militaires de l’Allemagne et de la France », « Le couloir alsacien », « La trouée des Vosges », ainsi qu’un certain nombre de documents concernant la Yougoslavie.
La « Chronique suisse » d’août 1914, intitulée « Les tout premiers enseignements de la guerre de 1914 », donne une appréciation favorable de la mobilisation générale de l’Armée, mais critique la panique du public, qui « s’est comporté exactement comme il ne devait pas », se ruant dans les épiceries et dans les banques. Les gens, qui n’ont aucune idée de ce qu’est une opération militaire, croient toutes les rumeurs. Le 2 août, n’annonçait-on pas les Allemands à Verdun ! La neutralité doit être armée, sinon ce n’est qu’un leurre : « Si la nouvelle vraisemblable, arrivée ce matin, de la pénétration de troupes allemandes sur le territoire neutre du Luxembourg est vraie, on pourra conclure dès le premier jour, par un exemple historique, de la valeur d’une neutralité sans forces pour la défendre. »RMS, août 1914.
En Suisse, le fossé entre les communautés s’explique par la francophilie des Romands et la germanophilie des Alémaniques. Dans la rubrique « Législation, organisation et instruction militaires, manœuvres », un monumental article de Gonzague de Reynold, « Indépendance et neutralité : le devoir suisse », paraît en deux partiesRMS, juin et juillet 1915, pp. 241 ss et 289 ss. . « Nous [les Romands] ne devons pas oublier que nous ne sommes point seuls en Suisse […] Si leur attitude [des Suisses alémaniques] n’a pas été toujours, surtout au début de la crise, telle que nous l’aurions désiré […], sommes-nous bien, nous autres Velches, à l’abri de tout reproche ? Notre premier devoir est de traiter les Suisses allemands comme des aînés : même s’ils ont tort, ils ont le droit qu’on les écoute et les respecte. N’ont-ils pas fait la Suisse, construit notre maison ? Ne lui ont-ils pas donné son nom, gravé sa devise au-dessus de la porte, tissé de leurs mains sanglantes et victorieuses la grande bannière rouge qui flotte et claque au faîte blanc du toit ? Toute notre histoire est là, qui l’affirme et le proclame. »RMS, juin 1915, pp. 260-261.
La RMS s’insurge contre le drill, le pas cadencé ; ces méthodes d’instruction qui semblent inapplicables en Suisse romande parce qu’elles viennent d’Allemagne. Parlant des problèmes de discipline qui se sont posés dans certaines formations d’outre-Sarine en 1918, Fernand Feyler prétend que les conseils de soldats « sont nés dans une division où les moeurs importées de l’étranger faussent trop souvent les rapports entre officiers et soldats. »« Chronique suisse », août 1918. Ces polémiques agitent surtout les journalistes, certains politiciens et officiers supérieurs, mais peu l’opinion publique. « Les généralisations injustes et les calomnies qui se répandaient alors dans la presse causaient à notre pays un préjudice plus grave que les incidents eux-mêmes et les abusE. Régnier : « L’Armée et la crise intérieure. 1914-1919 », novembre 1923. . » Robert de Traz résume la situation : « Les divergences, les véhémentes polémiques étaient […] à peu près ignorées de la troupe. A l’Armée, nous nous consacrions à des devoirs obscurs […] et nous trouvions dans cet accomplissement une paix intérieure que les congés, d’ailleurs, remettaient en question. »« Les deux mobs », novembre 1938.
La revue prend position à propos de deux initiatives de « l’extrême-gauche socialiste » : l’une vise à la suppression des tribunaux militaires, l’autre à l’égalisation des soldes. Il « s’agit de vulgaires entreprises de démagogie »RMS, décembre 1915, p. 531. . Si l’initiative sur les tribunaux est politiquement habile – quelques réformes de la justice militaire pourraient se justifier – il en va tout autrement de l’égalisation des soldes entre officiers et soldats. L’officier fait un service bien plus long que le soldat. Au moment où il gagne sa première étoile, le lieutenant a effectué trois fois le nombre de jours de service du soldat. « Si c’est s’accorder un luxe que de devenir officier de l’Armée suisse et que seuls les enfants de parents riches puissent y prétendre, loin de favoriser l’indispensable rapprochement de sentiment et d’idée qui doit exister entre le soldat et ses chefs, on encouragera leur éloignement. »
En 1915, un supplément de la RMS, un volume de 336 pages, Avant-propos stratégiques de la plume du colonel Feyler, commente les batailles de la Marne, de l’Aisne, des Flandres, de Neuve-Chapelle et d’Ypres. Il donne dans le détail les événements – illustrés par des croquis – et la version des deux camps. Des cartes des secteurs de combat sont annexées. C’est ouvrage est le « développement corrigé » d’études parues au jour le jour dans le Journal de Genève. Selon l’auteur, c‘est « une oeuvre de transition en ce qu’elle tient le milieu entre l’information quotidienne, rapide et fugace, et l’histoire réfléchie. Un point de départ, en ce que, sur la base de l’information quotidienne, elle échafaude les suppositions qui précèdent la certitude. »Préface du supplément, La guerre européenne : avant-propos stratégiques.
En 1916, le rédacteur en chef veut développer les « indications contrôlées ». La rubrique « Campagnes, guerres, histoire militaire » fournit des « Impressions du front », souvent assorties de photos, aussi bien d’auteurs suisses qu’étrangers, auxquelles s’ajoutent des études sur la Belgique, le Canada, les Etats-Unis, la France et le Portugal. L’événement suisse de cette troisième année de guerre, c’est « l’affaire des colonels », traitée par Feyler lui-même. Le ton est mesuré, serein. Il ne s’agit pas de jeter de l’huile sur le feu, mais de dire la vérité. Le rédacteur en chef se penche également sur l’antagonisme qui oppose le général Wille au chef de l’Etat-major de l’Armée, le colonel commandant de corps von Sprecher. La façon dont l’un et l’autre ont été désignés pèche par excès d’arguments politiques. A la tête de l’Armée, il faut un Commandant en chef qui a choisi le Chef d’Etat-major de l’Armée. « A la faiblesse doit succéder l’énergie ; il nous faut au Gouvernement, non pas des radicaux, des socialistes ou des conservateurs, mais des hommes […] qui commandent, comme c’est leur devoir, et des institutions politiques auxquelles les militaires obéissent comme c’est leur devoir aussi. […] Bref, il est urgent que l’anarchie cesse et, pour qu’elle cesse, il faut des hommes. Nous aspirons à obéir, mais pour l’amour de Dieu, que quelqu’un commande. »RMS, février 1916, pp. 63-64.
Le commandement militaire suisse a le souci de l’information. Les commandants d’unité doivent avoir des discussions avec leurs hommes, l’Armée entretient un Bureau de presse. Celui-ci « a inondé ces derniers temps les journaux de communiqués sur les sujets les plus divers. Cette prose bien intentionnée est malheureusement plutôt ennuyeuse. Peut-être l’est-elle moins dans la langue de Goethe. Dans la nôtre, elle rappelle plus le pas cadencé dans les champs de pommes de terre que l’allure alerte et souple exigée par le Général. »RMS, décembre 1916, p. 685.
En 1917, la RMS multiplie les études approfondies sur l’Allemagne et sur les premières années de guerre, la rubrique « Bibliographie » s’étend. Le directeur est encore au front, avec une importante synthèse sur « Les campagnes allemandes d’Occident de 1914 à 1916 ». Les problèmes de politique intérieure demeurent néanmoins ceux à travers lesquels se marque le mieux la personnalité de la revue, qui traite de la gestion du Département militaire fédéral, des relations entre les autorités politiques et le commandement militaire. Elle ne ménage pas les chefs successifs du Département, MM. Décoppet, Ador et Hoffmann. Le manque de coordination provoque des situations piquantes : « Le Général, par exemple, donne l’ordre aux troupes mobilisées de mettre le plus possible d’attelages à disposition des agriculteurs pour leurs travaux de printemps. Aussitôt, le Commissariat central des guerres édicte des prescriptions et des tarifs sur la location des chevaux qui réduisent à néant les excellentes intentions du Général. »RMS, mai 1917, p. 248.
En période de conflit, on paie les insuffisances des budget « Défense » et des économies déraisonnables en temps de paix. « Il y a une dizaine d’années, la majorité du peuple suisse trouvait que son Armée lui revenait trop cher. Au lieu de chercher à éclairer le peuple et à lui faire comprendre qu’une armée à bon marché ne peut être qu’une armée pour rire, la majorité parlementaire a emboîté le pas derrière les mécontents. Elle a cherché un ministre non pas de la guerre, mais des économies. Elle l’a trouvé après quelques tâtonnements dans la personne de Hoffmann qui a accepté la lourde responsabilité de fournir une armée à bon marché. Pendant des années, il a sabré impitoyablement les demandes de crédits militaires les mieux fondées. »RMS, août 1917, p. 349.
Les violations de l’espace aérien suisse, surtout dans le saillant de Porrentruy, plaident pour un accroissement des moyens de la DCA. Les batteries sont peu nombreuses, la densité de feu totalement insuffisante, ce qui assure l’impunité aux appareils volant à haute altitude, « dont on ne peut pas reconnaître les signes distinctifs ».
Des soucis de deux ordres font surface en 1918. D’abord, l’antimilitarisme : une polémique oppose des sociétés d’étudiants à la rédaction de la RMS ; en mars, Feyler publie sa « Troisième épître aux Zofingiens ». Les hécatombes de Verdun en 1916 et du Chemin des Dames en mai 1917 expliquent une prise de conscience : la guerre étant horrible, il faut la refuser, ce qui amène, dans la foulée, le refus de l’homme tel qu’il est. Second souci majeur, l’indiscipline dans l’Armée : la Révolution d’octobre est à la source de mouvements à l’intérieur de l’Armée, mais surtout à l’extérieur. Il y a aussi l’indiscipline dont l’exemple vient d’en haut et que la revue ne se fait pas faute de mettre en cause. A travers les chroniques, on perçoit la détérioration de l’atmosphère, la lente marche vers la grève générale de novembre 1918.
En 1919, la revue traverse une zone de turbulence qui risque de la faire disparaître : problèmes financiers, nombre d’abonnés insuffisant. Le colonel Feyler, rédacteur en chef depuis plus de vingt ans, est fatigué. La RMS va subsister parce que des officiers, en grand nombre, demandent son maintien, qu’on trouve de nouveaux abonnés et un directeur, le lieutenant-colonel Arthur Fonjallaz, en fonction en 1920 et 1921. Fernand Feyler reprend le collier en 1922 et le garde jusqu’en 1931. Dans les historiques de la RMS, on n’évoque pas cet intermède, sans doute parce que le colonel Fonjallaz a dû démissionner du corps des officiers instructeurs et a été exclu de la Société vaudoise des officiers en 1925.En 1923, le colonel Fonjallaz, officier de carrière, démissionne, conséquence de ses attaques contre le colonel commandant de corps Bornand. Il mène dès lors des affaires financières désastreuses. Politiquement, il adhère au parti des paysans, artisans et indépendants (1927-1932), puis évolue par étapes vers l’extrême-droite. Il milite à la Heimatwehr (1932-1934) et fonde à Rome, en 1933, la Fédération fasciste suisse.
1919-1938 : Durant l’entre-deux-guerres
Après la fin du conflit, le fossé entre Romands et Alémaniques influence encore les jugements de la RMS sur le haut commandement. Une « Chronique suisse » présente les Rapports que le Général et le Chef de l’Etat-major de l’Armée ont rédigés à la fin du service actif. On y condamne les « habitudes régnant dans les sphères du haut commandement qui voisinent avec le Palais fédéral. Il faut en finir avec ces officiers chefs de la hiérarchie qui remplissent les journaux politiques de leurs noms, de leurs grades et souvent de leur suffisance. »« Chronique suisse », octobre 1919. Rapportant la position de l’ancien Commandant en chef, hostile à l’entrée de la Suisse à la Société des Nations, le colonel Feyler s’écrie : « Quant au général Wille, pourquoi ne prend-il pas le repos auquel il a incontestablement droit ? »« La Suisse stratégique dans la Société des Nations », mars-avril 1921. Seul Henri Lecomte, fils du premier rédacteur en chef de la RMS, rappelle que « le rôle du général Wille a été […] ingrat […] nous lui devons probablement plus qu’on ne le croit en Suisse romande. » Wille n’a pas été le « pur Boche » que certains croyaient découvrir« Le haut commandement dans l’Armée suisse », juillet 1926. . Jusqu’en 1924, la RMS ne se gêne pas de critiquer en termes très vifs le Conseil fédéral et le commandement de l’Armée, s’occupant à l’occasion de questions plus politiques que militaires. Deux instructeurs qui collaborent à la RMS auraient été bloqués dans leur avancement à cause de leurs articles.
Le problème du haut commandement en Suisse apparaît fréquemment entre 1918 et 1939, période pendant laquelle la RMS ne cesse de déplorer qu’en temps de paix, l’Armée n’est pas commandée, mais administrée par un consortium de fonctionnaires qui ne s’entendent pas« Chronique suisse », octobre 1918. Même affirmation en septembre 1930 et avril 1937. . Rien ne saurait remplacer un Commandant en chef permanent. En effet, un commandant de corps ne peut pas prendre cette fonction au pied levéCol Henri Lecomte : « La réforme du haut commandement », octobre 1936. Il s’agit du fils du premier rédacteur en chef de la RMS. . La procédure de désignation « ne répond plus aujourd’hui aux conditions dans lesquelles serait susceptible d’éclater un conflit armé. Grâce à la motorisation des troupes et à l’aviation […] un territoire peut être […] envahi sans délai […]. Réserver à l’Assemblée fédérale la nomination du Général, c’est donc non seulement confier le choix […] à des politiciens inaptes à une telle sélection, […] c’est encore […] retarder, au début d’une guerre, […] l’instant où serait conféré au Général le pouvoir de prendre effectivement le commandement de l’Armée« Chronique suisse », mars 1936. Même idée chez Feyler, « Réforme du haut commandement », juillet 1923 ; chez Henri Lecomte, « La réforme du haut commandement », octobre 1936 ; SSO, « Une solution au problème du haut commandement », avril 1938 ; « Informations », décembre 1938. . » Le colonel Lecomte, ainsi que la Société suisse des officiers proposent des réformes de structures au Département militaire fédéral, car un seul homme ne peut pas superviser quatorze services !
La revue aborde les grands problèmes de politique nationale, se prononçant, en 1919, pour le rattachement du Vorarlberg à la Suisse, même s’il s’agit d’une population germanophone et catholique. En contrepartie, l’accession de l’ancienne Principauté épiscopale de Bâle, protestante et catholique, au rang de Canton renforcerait la position de la minorité latineCol Feyler : « Chronique suisse », mai 1919. . De 1945 à 19741974, année du plébiscite qui donne une majorité acceptante à la création d’un Canton du Jura de La Neuveville à Boncourt. , la RMS montrera moins de sympathie pour la cause, lorsque le Rassemblement jurassien martèlera, entre autres, un slogan : le commandement militaire veut une place d’armes dans le Jura pour mâter d’« irréductibles Jurassiens ».
Dès l’été 1918, des auteurs se montrent défavorables à la neutralité perpétuelle de la Confédération, qui ne s’explique que par des divergences intérieures. Avec une telle politique, dont certains milieux suisses alémaniques se sont servis « pour couvrir les entorses aux plus pures notions helvétiques », on accepte « de n’entrer en guerre que lorsqu’il est trop tard pour se défendre utilement. »« Chronique suisse », juin, juillet 1918. Un texte non signé de mars 1919 souhaite la disparition « d’une neutralité sans prestige et sans utilité, notion surannée, au milieu d’une Europe rajeunie »« Maintien ou suppression du service obligatoire », mars 1919.. La « Chronique suisse » du mois suivant soutient même un projet de corps expéditionnaire suisse contre les armées bolchevistes ! Le colonel Feyler défend le principe d’une armée fédérale d’effectifs réduits mais bien instruits, qui opérerait dans le cadre de la Société des Nations. Une chronique déplore le refus du Conseil fédéral d’accorder le droit de passage aux troupes de la Société des Nations qui partent maintenir la paix à la frontière entre la Pologne et la Lituanie : « La neutralité actuelle ne devrait plus être celle de 1815 ! »« Chronique suisse », février 1921.
Incontestablement, la personnalité de Fernand Feyler explique le ton et le style de la RMS pendant le premier tiers du XXe siècle. Il avance des idées audacieuses, même si celles-ci risquent de choquer, car il veut susciter des débats et ne déteste pas la polémique. La manière de son successeur, le major Roger Masson, qui prendra la relève en 1931, sera beaucoup plus discrète.
A partir de 1925, si la RMS contient des critiques marquées du parlementarisme fédéral, tous ses collaborateurs suisses se montrent hostiles à la démocratie autoritaire et à ses sympathisants dans notre pays. Un premier-lieutenant affirme que les officiers, malgré les exagérations d’une certaine gauche, ne doivent pas militer dans des mouvements inspirés de l’étranger. Quelle serait leur position si les frontsAvec l’arrivée au pouvoir en Allemagne des nazis en janvier 1933, des Fronts sont constitués en Suisse par des individus tentés par les formules autoritaires et corporatistes, qui lorgnent du côté de l’Allemagne et de l’Italie. dont ils feraient partie tentaient de « mettre la légalité en vacances » ? On garde aussi ses distances face à l’Action française avec laquelle « nous ne saurions avoir, comme officiers, aucune conception commune »« Chronique suisse », octobre 1936.. Quant à la vision de l’autre extrême de l’échiquier politique, elle n’est pas moins claire : la gauche suisse, à la solde de Moscou, exécute un plan mûrement réfléchi qui tend à noyauter l’armée. Jusqu’en 1939, la RMS, comme d’ailleurs la plupart des journaux et des partis bourgeois, voit à tort dans les grèves de 1918, non comme une grève sociale, mais comme une tentative de révolution bolchevique. Le colonel Lecomte soutient même que « dans une guerre à venir, il n’y aurait rien de surprenant à ce que nous soyons attaqués par des armées russes, puisque cela est déjà arrivé en 1799 »« La défense de la Suisse à travers les âges », août 1937..
Depuis l’arrivée au pouvoir d’Hitler en 1933, le major EMG Roger Masson, chef du Service de renseignement et nouveau rédacteur en chef, se montre très prudent ; il ne publie aucune analyse sur la situation politico-militaire en Europe. Tout au plus se permet-il de discrètes allusions. Un bulletin bibliographique fournit l’occasion d’évoquer un livre qui traite de la propagande et de l’espionnage nazisOctobre 1936 ; il s’agit du livre intitulé Le filet brun. Paris, Nouvelle revue critique, 1936.. L’officier doit s’habituer à lire entre les lignes, un exercice auquel le peuple suisse ne va pas tarder à s’initier ! Au lieu de proclamer que les Etats totalitaires endoctrinent leurs citoyens, le colonel divisionnaire Frey écrit que « la Russie, l’Italie, l’Allemagne ont pris durement en mains l’éducation civique des jeunes gens des deux sexes (et même des parents) »« Tu seras citoyen ! », novembre 1936..
L’influence de la France
Dans la RMS, l’influence de la France, prépondérante entre 1914 et 1918, s’expliquait par le fossé qui séparait Romands et Alémaniques. Seules les méthodes françaises pouvaient améliorer le niveau d’instruction de notre armée, alors que sévissaient des officiers instructeurs hypnotisés par l’Allemagne. Durant l’entre-deux-guerres, le prestige de l’Armée et des chefs français s’explique par la victoire de 1918. Le monde entier considère la France comme la première puissance militaire terrestre, sans que l’on se rende compte de la sclérose de son commandement, qui va provoquer la défaite de 1940. La revue accorde une très large place aux informations et aux textes venus d’outre-Jura, alors qu’elle néglige un peu ce qui vient d’Allemagne ou d’Italie. Entre 1936 et 1938, elle publie 33 articles d’auteurs français, le tiers des études parues durant cette période.
Les correspondants français appartiennent à deux écoles. Les conservateurs défendent les vues de leur haut commandement, en restent aux conceptions du premier conflit mondial, spécialement à la guerre des tranchées. « Le perfectionnement des armements donne un avantage de plus en plus marqué à la défensive […] et doit augmenter la tendance des armées terrestres à la stabilisation »Général J. Rouquerol : « L’avenir de l’infanterie », mars 1930.. Les progressistes manifestent leur intérêt pour les nouvelles possibilités techniques et tactiques, tout en s’appuyant sur les expériences du passé. L’un d’eux n’affirme-t-il pas que « nous en étions encore en 1914 à la conception de la guerre franco-allemande. Dieu veuille qu’en 19.., ceux qui repartiront en campagne ne le fassent pas avec l’armée que nous avons connue à la date du 11 novembre 1918 ! »« Chronique française », novembre 1921. Autre remarque désabusée dans le numéro d’octobre 1929 : « Les procédés qui nous ont fait battre les Allemands se sont cristallisés dans l’esprit de nos cadres »« Chronique française », novembre 1929. .
Ces deux tendances se retrouvent chez les auteurs suisses. Les « Notes de tactique à l’usage des futurs capitaines » du colonel Léderrey, instructeur d’arrondissement de la 1ère division, qui paraissent en 1937, reprennent les théories d’Ardant du PicqLe colonel Ardant du Picq, né en 1821, participe à la guerre de Crimée et aux campagnes coloniales de la France. Il meurt au combat en 1870. Il est un des pères spirituels de la doctrine française de l’offensive à outrance en vigueur en 1914. sur le choc et la victoire, conséquence d’un moral supérieur. Lorsqu’il parle de l’instruction de combat, ses procédés rappellent ceux que l’on utilise outre-Jura : « Les endroits déterminés pour l’arrivée du feu ennemi seront marqués sur le terrain, au moyen de repères quelconques (jalons peu apparents, ficelle, serpentins, traînée de sciure) »« Exercices et manœuvres », avril 1935..
Il n’en reste pas moins que la RMS fait un effort de prospective. Que pourrait être une guerre future ? Ses lecteurs attentifs n’auraient pas dû être surpris par les doctrines d’engagement, les tactiques et les matériels utilisés par les Allemands, au début de la Seconde Guerre mondiale. Elle insiste sur l’aviation et son développement technique, sur les théories du général Douhet. Dans un conflit futur, les appareils, qui pourront engager en masse des explosifs traditionnels et des moyens chimiques, dirigeront leurs coups, non seulement contre les combattants, mais contre le pays tout entier« Chronique suisse », mars 1922. R.-A. Jaques, cap Primault : « Aviation et guerre chimique », mai 1923..
Elle informe également sur les risques de conflit en Europe. Dès 1919, des études ou des chroniques soulignent que la guerre de 14–18 n’était pas la « der des der », qu’il existe un risque d’une revanche allemande. La République de Weimar détournera les articles du traité de Versailles parce que, avec le temps, la rigueur des Alliés va s’atténuer ; un véritable contrôle des armements se révélera très difficile. « Les Etats issus du démembrement des grands empires russe et austro-hongrois seront-ils viables ? […] La France et l’Allemagne arriveront-elles à se réconcilier ? N’y aura-t-il pas tôt ou tard, entre ces deux puissances, une nouvelle guerre, une guerre à vie et à mort ? »Col Lecomte : « L’avenir de notre armée », juillet 1922.
Les chroniques allemandes font leur réapparition en 1923. L’une d’elles souhaite « une grande armée basée sur le service général et obligatoire »« Chronique allemande », novembre 1923.. Un auteur soutient qu’en 1918, l’armée impériale pouvait remporter la victoire, mais le Gouvernement a dû accepter les conditions humiliantes du « Diktat de Versailles » à cause des tentatives de révolution bolchevique dans le pays« Chronique allemande », septembre 1926.
. C’est le « mythe du coup de poignard dans le dos ». En janvier 1934, un auteur français évoque le réarmement décidé par Hitler ; il déclenchera une guerre par surprise, menée à un rythme très rapide Général J. Rouquerol : « L’instruction sur le tir de l’artillerie », janvier 1934.. Les tensions s’aggravant, la RMS explique les efforts de défense des petits Etats européens : Belgique, Pays-Bas, Finlande et Tchécoslovaquie« Informations », juin 1936.. Plusieurs articles, parlent « d’un conflit qui pourrait éclater autour de la Suisse, des Etats voisins qui pourraient nous envahir. » Selon le colonel Henri Lecomte, un adversaire n’attaquera pas la Suisse d’entrée de jeu, mais le risque d’invasion deviendra beaucoup plus grand si les fronts se stabilisaient à nos frontières« Armée offensive ou défensive », août 1938..
Quelles sont les possibilités de résistance de l’Armée suisse ? Le petit Etat neutre pratique une stratégie de dissuasion. En cas d’invasion, les moyens à disposition ne lui permettront pas de repousser seul les forces d’une grande puissance, mais la résistance des troupes donnera le temps au Gouvernement d’en appeler à une aide étrangère et la possibilité à celle-ci d’arriver sur place« Le fondement stratégique de notre réforme militaire », août 1922.. Cette phase initiale pourrait durer jusqu’à quatre semaines. Voilà qui situe le contexte des conversations d’états-majors initiées dès 1936 par le commandant de corps Henri Guisan et la planification poussée d’une coopération militaire franco-suisse en cas d’invasion allemande.
Durant l’entre-deux-guerres, la RMS présente à ses lecteurs les différentes doctrines militaires en Europe, l’évolution des armements, leur engagement. Elle estime assez correctement les risques de guerre, sans pour autant peindre le diable sur la muraille, dans l’unique but de justifier des accroissements du budget militaire. En revanche, ses responsables semblent ne pas toujours comprendre les bases de la dissuasion, quand ils dévoilent, sans que la nécessité s’en fasse sentir, les faiblesses de notre défense nationale.
La revue se révèle une publication d’un bon niveau, sa qualité s’expliquant peut-être par le danger qui ne cesse de planer sur son existence. En 1919, la Société suisse des officiers envisage pour la troisième fois de créer un périodique bilingue unique auquel tous les officiers seraient automatiquement abonnés. A cette occasion, les responsables de la RMS soutiennent « qu’une centralisation de nos journaux militaires ou une fusion constituerait une faute, en particulier à l’heure actuelle. » Le problème reviendra à plusieurs reprises sur le tapis, encore à l’époque d’Armée XXI !
1939-1945 : Pendant la Seconde Guerre mondiale
Si, durant la guerre de 1914-1918, les « Chroniques suisses » apparaissaient comme un des fils rouges de la RMS, les livraisons, entre 1940 et 1945 il s’agit des « Commentaires sur la guerre actuelle », souvent rédigés par des collaborateurs du SR. En dépit de ses absorbantes fonctions, le chef du Service de renseignement, le colonel Roger Masson, conserve la direction de la revue. Il lui assure des collaborations de valeur et fait passer certaines informations dont il a une connaissance privilégiée.
L’absence d’appréciations sur l’éventualité ou l’imminence d’un conflit en Europe étonne dans les numéros du printemps et de l’été 1939. Dès septembre, en revanche, l’actualité est suivie de près, moins dans l’intention de raconter que de tirer des enseignements utiles et d’expliquer. Certains pronostics de la revue pendant l’entre-deux-guerres, se révèlent faux. La guerre n’a pas commencé par de vastes offensives aériennes visant à paralyser l’adversaire dans ses opérations de mobilisation, la guerre des gaz n’a pas eu lieu… En France, en Angleterre et en Allemagne, la mise sur pied s’est déroulée sans accroc, selon les plans et l’horaire prévus dès le temps de paix.
Outre les commentaires consacrés au conflit, la RMS propose d’autres rubriques. La plus importante en volume, « Généralités », s’avère aussi la plus diversifiée. La revue de la presse étrangère, toujours dans un souci d’information, examine l’état des armées, tire des leçons de la guerre civile en Espagne. Sous le titre « Noël sous les armes », le numéro de décembre propose un premier bilan de la « drôle de guerre ». Le ton est grave, mais serein.
En 1940, les « Commentaires sur la guerre actuelle » s’étoffent, mettent l’accent sur la mobilité, la puissance de feu, les opérations qui se déroulent dans un terrain comparable au nôtre. L’objectif didactique est évident. Plusieurs articles traitent de la santé de la troupe et de la discipline, des leçons à tirer d’une vie en commun de longue durée, dans des conditions climatiques et d’hygiène difficiles : ce ne sont plus de 13 semaines en caserne ou 3 sous tente : ce sont 4 mois à l’extérieur pour quelques jours à la maison.
En avril, le major EMG Rochat évoque les troupes frontière créées en 1938. Si l’on pouvait s’interroger sur le mélange dans les compagnies des trois classes d’âge de l’Armée, ces formations ont acquis leurs lettres de noblesse, encore que tout ne soit pas parfait. Le maintien du secret s’oppose à des évocations ou à des propositions concrètes, mais il faut un renforcement dans les domaines du génie et des transports hippomobiles.
Dans la même livraison, on trouve une « Chronique étrangère » alors que, depuis plusieurs mois, la RMS n’en publiait plus. Le commandant de la VIIIe armée allemande, le général Blaskovitz, évoque la prise de Varsovie en automne 1939 avec, comme chapeau, une mise au point de la rédaction : « La guerre se prolonge, et il ne nous paraîtrait ni juste ni honnête de priver plus longtemps nos lecteurs de la collaboration de tels observateurs étrangers, de telles personnalités belligérantes dont le témoignage peut nous suggérer des réflexions intéressantes et nous apporter des enseignements précieux. Ainsi, selon le devoir de neutralité qui nous incombe, les articles de représentants de diverses nations belligérantes se succéderont sous cette rubrique où leurs textes formeront une collection de documents pour contribuer à l’histoire de la guerre »RMS, avril 1940, p. 167.. Des auteurs suisses font également des analyses du conflit. En 1941, le capitaine Eddy Bauer, qui va bientôt publier sa fameuse Guerre des blindés, signe un article de grande envergure, « Réflexions sur la campagne de France ».
Dès le début des hostilités germano-russes, Staline ordonne des actions sur les arrières des forces allemandes, une forme de combat déjà connue mais qui n’a eu jusqu’alors que peu d’ampleur : la guérilla. Les « Commentaires sur la guerre actuelle » du mois d’octobre y sont consacrés : « Les Russes semblent en ce moment spécialisés dans ce genre de guerre qui […] est en parfaite harmonie avec l’action révolutionnaire : embuscades, combats de rue, sabotages, etc. S’appuyant en outre sur une population fanatisée, cela explique dans une large mesure certains succès dans ce domaine. Maison après maison, rue après rue, les partisans ont tenu Minsk, Smolensk, Kischinew, Gomel, etc., pendant que les gros russes se retiraient. […] En lisant la presse allemande, on est frappé de l’ampleur de cette guerre qui semble avoir déjà fait un nombre incalculable de victimes »RMS, octobre 1941, p. 528..
En 1942, il ne se passe pas grand-chose sur le plan militaire en Europe occidentale. Aussi la RMS met l’accent sur la guerre au Moyen-Orient, en Extrême-Orient et en Union soviétique, évoque la Libye, la Birmanie, les Indes, Madagascar, la situation de l’Armée allemande en Russie. « L’effet de surprise causé par les troupes blindées et l’aviation est passé. Comme nous l’avons vu précédemment, la période de la guerre-éclair semble terminée : chaque bond de l’offensive allemande doit être minutieusement préparé »RMS, juin 1942, p. 255.. Après une année de guerre à l’Est, « il s’agit maintenant d’une course de vitesse entre la production industrielle anglo-saxonne en faveur de la Russie et la décision militaire recherchée par l’Allemagne avant que cette production n’atteigne son maximum. Si cette décision intervient cette année, toute la gigantesque production prévue pour 1943 arrivera trop tard ; dans le cas contraire, c’est la guerre d’usure avec tous ses aléas qui commencera »RMS, juillet 1942, p. 299..
En 1943, les collaborateurs les plus réguliers de la RMS sont Eddy Bauer, Marcel Montfort et Daniel Nicolas. Ils étoffent la rubrique « Généralités » par des contributions dont tout officier peut tirer profit dans son activité de chef militaire. Le colonel Henri Lecomte, âgé de 73 ans, continue de faire bénéficier la revue de ses contributions, notamment dans le domaine de son Arme, le génie.
Dans les « Commentaires sur la guerre actuelle », on trouve les premières réflexions sur les causes des échecs allemands et l’évolution possible du conflit. « On ne peut s’empêcher de vouloir comprendre le pourquoi des revers [allemands] actuels, car nous ne pouvons pas admettre que la situation d’aujourd’hui découle uniquement d’une supériorité en hommes et en matériel du côté russe. Les échecs allemands ont une cause plus profonde »RMS, février 1943, p. 78. : la grande audace stratégique d’Hitler et sa sous-estimation des capacités de son adversaire.
Les opérations, expliquées avec des cartes, restent au premier plan en 1944. Dirigés pendant plus de deux ans vers l’Est, les regards se tournent à nouveau vers l’Europe occidentale, attirés par les deux débarquements de Normandie et de Provence. Il faut faire un sort aux fausses nouvelles. « Avec le développement des opérations, nous assistons à un nouvel envol de canards. Il y en a de toute taille »RMS, septembre 1944, p. 471., particulièrement l’annonce anticipée de la prise de certaines villes. Il est à craindre que des mouvements insurrectionnels de libération ne partent trop tôt sur la foi de telles informations et que ces mouvements soient réprimés par l’occupant avec la dernière sauvagerie. Pour la RMS, qui souligne l’objectivité des communiqués officiels anglo-américains, les journalistes sont en cause ; en effet, les écarts entre ce qu’ils écrivent et la réalité s’avèrent parfois importants. Ainsi, l’arrivée des Américains à la frontière genevoise a eu lieu trois jours après son annonce dans la presse !
Dans la livraison d’octobre, un hommage au général Guisan à l’occasion de son 70e anniversaire : « Respectueux de l’autorité du Gouvernement, mais connaissant à fond sa mission, ses compétences et ses responsabilités, le général Guisan poursuit, au jour le jour, son travail, visitant ses troupes, étudiant ses dossiers. Son autorité de chef et son prestige ont gagné l’ensemble du pays, car l’Armée c’est le peuple ! On est heureux de sentir que le destin militaire de la patrie suisse demeure entre de telles mains, que depuis 5 ans la consigne n’a pas varié ! »RMS, octobre 1944, p. 492.
Regards sur l’après-guerre
Dans la phase finale d’un conflit dont l’issue ne fait plus de doute, les « Commentaires sur les événements » remplacent en 1945 les « Commentaires sur la guerre ». Cherchant à prendre du recul, interprétant les faits dans leur globalité et en profondeur, des chroniqueurs réguliers, d’autres occasionnels dirigent leurs regards sur l’après-guerre, repèrent les difficultés, tant sur le plan intérieur qu’international. Les cartes sont redistribuées, il faut compter avec la formidable puissance de l’Union soviétique, manifeste depuis 1942. La ligne de démarcation, qui reste à fixer, séparera deux mondes. « La Pologne, la Bulgarie, la Roumanie, la Finlande, la Hongrie, la Yougoslavie, la Tchécoslovaquie, tous les Etats baltes, l’Autriche et une grande partie de l’Allemagne sont occupés par l’URSS ou agissent selon ses ordres. On se représente facilement le supplément de puissance qu’ils apportent à la Russie, car il ne fait aucun doute qu’elle saura en tirer le rendement maximum et qu’ils constitueront pour elle une couverture militaire complète. »RMS, mai 1945, p. 245. La revue se montre préoccupée par l’évolution des rapports Est-Ouest.
Quant à l’avenir de l’Armée suisse, il fait l’objet de mises en garde : il « pose un certain nombre de graves problèmes qu’il est encore trop tôt d’examiner ici en détails. La Suisse a bien failli payer de son existence le fait de n’avoir pas suivi, après 1918, les conseils donnés par le général Wille. La question qui se pose maintenant est de savoir si elle aura, au contraire, le courage de suivre demain ceux que le général Guisan ne manquera certainement pas de lui adresser avec la même franchise. »RMS, juillet 1945, p. 305.
Si, durant ces années de guerre, l’édition de la RMS a été rendue difficile en raison des fonctions militaires de son directeur, de la prudence qu’il fallait observer dans la situation stratégique qui était celle de la Suisse entre 1940 et 1944, de longues périodes de service d’auteurs fidèles, les livraisons n’en laissent rien paraître. L’histoire pondérée de la guerre s’y trouve remarquablement exposée, sobrement commentée, faisant de la revue une source d’une incontestable valeur.
1946-1990 : Pendant la Guerre froide
Durant son premier centenaire, une des caractéristiques de la RMS a été une remarquable stabilité rédactionnelle, puisque seuls 3 rédacteurs en chef se sont succédés entre 1856 et 1967. Dans les 13 ans qui suivent, on en dénombre 3 : le divisionnaire Marcel Montfort décédé en mai 1971, son fils, le futur divisionnaire Michel-H. Montfort, que ses fonctions militaires contraignent à passer la main, à la fin 1978, au colonel EMG Paul Ducotterd.
Après 1945, le contenu de la RMS évolue. Dans le prolongement du conflit, des auteurs aussi bien suisses qu’étrangers – français principalement – exploitent les expériences de guerre. Des Suisses, très différents, tant par leur grade que leur Arme, officiers de milice et instructeurs, se penchent sur des problèmes d’instruction et de technique de combat. L’Organisation des troupes 61, la création des divisions mécanisées suscitent des polémiques, également de nombreuses contributions sur l’engagement des chars et des formations blindées. Le divisionnaire Marcel Montfort fait régulièrement le point de la situation stratégique dans sa rubrique « A l’OTAN, quoi de nouveau ? » ; le brigadier Jean-Jacques Chouet prendra la relève avec « Tour d’horizon ». Les rubriques n’ont plus le rôle et la fréquence de la période précédente. Avec la disparition de Marcel Montfort et de Roland Ramseyer, qui a tenu pendant des années une « Chronique du tir », elles tendent à disparaître, à l’exception de la « Revue des revues » et de coups d’œil sur la RMS du passé. Le rédacteur en chef déplore de ne plus trouver de responsables de rubrique, qui traiteraient en particulier de problèmes d’instruction ou de conduite.
Le nombre des auteurs qui collaborent plus ou moins régulièrement se situe aussi à la baisse. Michel Montfort doit parfois, dans l’urgence, solliciter des textes. Des officiers subalternes ou supérieurs reçoivent une alarme téléphonique de la part du rédacteur en chef : « Il me faut cinq pages pour la fin de la semaine. Choisissez un thème ! Au travail ! Bon courage ! » C’est le grand mérite de son successeur, le colonel EMG Paul Ducotterd, d’avoir suscité les envois, le plus souvent spontanés, d’environ 150 auteurs, une liste éminemment précieuse qu’il transmettra à son successeur. Par des lettres personnelles et d’innombrables sollicitations, il fait également augmenter le nombre des abonnés.
Les sociétés romandes d’officiers deviennent propriétaires de la « RMS »
La RMS connaît également un profond changement de structures. A la mort de Roger Masson, survenue en automne 1967, elle se trouve en butte à de graves problèmes rédactionnels et financiersLes charges annuelles, en 1970, s’élèvent à environ 70000 francs pour 12 numéros, à 125000 francs en 1980 pour 11 numéros, à 185000 francs pour 8 numéros en 2004. Les rédacteurs n’ont jamais reçu qu’une modeste indemnité, certains auteurs des honoraires très symboliques. . Grâce au dévouement du nouveau rédacteur en chef, le divisionnaire Marcel Montfort et à la bienveillance de l’éditeur, la revue peut être sauvée. « A la suite de la cession de la Revue militaire suisse par son propriétaire, les Imprimeries Réunies S.A., à Lausanne, à la Société suisse des officiers, les sections et groupements régionaux de langue française ont décidé d’en reprendre, à leur compte, l’édition et la publication. A cet effet, les représentants des sections de Berne, Fribourg, Vaud, Valais, Neuchâtel et Genève de la SSOLa Société des officiers du Jura bernois vient s’y ajouter puis, en 1984 la Société jurassienne des officiers, dans la foulée de l’entrée en souveraineté de la République et Canton du Jura. ont fondé, à Lausanne, le 14 décembre 1968, l‘Association de la Revue militaire suisse (ARMS). Les officiers romands deviennent ainsi propriétaires et éditeurs de la Revue militaire suisse. Il faut espérer qu’ils auront à coeur son développement et sa prospérité. Et à ces préoccupations d’ordre pratique, ils sauront ajouter, nous en sommes certains, la responsabilité d’un passé de 114 ans. »
Au premier président de la nouvelle ARMS, le colonel EMG André Petitpierre, incombe la lourde mission de mettre sur pied l’Association et d’en définir la ligne de conduite. En première urgence, il s’agit, la rédaction et l’impression étant pour l’heure assurées, de trouver les moyens financiers destinés à compléter l’apport trop restreint des abonnements. Les sections romandes de la SSO vont participer – c’est encore le cas aujourd’hui – au financement de la RMS, qui bénéficie, en outre, d’un subside de la Société suisse des officiers.
Lors de son assemblée générale tenue le 25 juin 1975 à Lausanne, l’ARMS se dote d’un nouveau président en la personne du divisionnaire Denis Borel, suppléant du directeur de l’Office central de la défense. Il va poursuivre sur la lancée, essayer de faire passer la « RMS pour tous ». A l’instar de ce qui a été réalisé pour l’Allgemeine Schweizerische Militärzeitschrift en Suisse allemande, l’abonnement à la RMS serait obligatoire pour tout membre romand de la Société suisse des officiers. A plusieurs reprises, le projet revient sur le tapis, mais sans aboutir. Il faudra attendre le début des années 1990 pour que les officiers vaudois fassent le pas et décident d’abonner automatiquement leurs membres à la RMS. Pour remplacer leur revue Défense, gravement déficitaire et endettée, ils peuvent publier dans chaque numéro de la RMS une rubrique de quatre pages. Les officiers du Valais romand vont imiter leurs camarades vaudois au début des années 2000, les officiers neuchâtelois en 2017.
Le major Eric Juvet s’étant retiré, le caporal Gérard Beaud, responsable administratif à 24 Heures / Tribune de Genève, reprend la logistique de la RMS le 1er juillet 1976 ; il est emporté par la mort à la fin 2001, alors qu’il fait bénéficier la revue de son expérience professionnelle depuis plus de 25 ans. Au pied levé, le colonel EMG Jean-Claude Roch et son épouse prennent la relève pour tenir les rênes, court et ferme, dans une période difficile.
Accédant à la retraite, le divisionnaire Borel quitte la présidence de l’ARMS. Son successeur, le colonel EMG Louis Pittet, de Genève, prend également en charge la recherche de publicité et assure pour un temps la santé financière de la RMS en constituant, sur le modèle des clubs de football et de hockey sur glace, un groupe de soutien dit des « Deux Cents », qui fournit un bon quart des recettes. Sous son règne, la RMS change de format et de look en janvier 1991. Abandonnant le format « Sabretache », elle passe au 17 x 24 cm, ce qui permet une mise en page plus attrayante et une meilleure intégration des illustrations. Le capitaine Michel Stauffer, directeur de l’ERAG à Lausanne, contribue largement à la mise au point de la maquette. Par cette opération, il s’agit d’atteindre un public-cible d’officiers, depuis le chef de section jusqu’au commandant de corps, l’idéal étant que chacun trouve dans chaque numéro au moins un article qui l’intéresse !
Malgré une volonté de prendre en compte la situation politico-militaire, intérieure et extérieure, qui prévaut depuis la fin de la Guerre froide, la RMS traverse une zone de tempête. Les réformes « Armée 95 » et « Armée XXI », pleinement justifiées, réduisent le nombre des abonnés. Dans l’« Armée 61 » de 800’000 hommes, la revue pouvait compter sur des dizaines de milliers d’officiers romands, animés d’un fort esprit de corps et lecteurs plus assidus qu’aujourd’hui, qui faisaient service de 20 à 55 ans. Dans l’« Armée XXI », il n’en reste que 1500, dont la plupart rendent leurs effets à 35 ans. Ils ne souhaitent pas forcément se tenir informés après en avoir terminé avec leurs obligations militaires. Le pourcentage des officiers romands abonnés à la RMS n’ayant jamais dépassé le 30 %, on peut penser qu’il ne restera que 500 abonnés, lorsque l’Armée XXI aura pleinement déployé ses effets. D’autre part, c’en est bien fini de la publicité de soutien des entreprises, ce qui s’explique par la mondialisation, le souci de rentabilité, la comptabilité analytique, la direction en mains étrangères. Les recettes de la RMS dans ce domaine baissent des deux tiers.
1991-2005 : Face aux réformes militaires
En septembre 1991, une garde montante relève le colonel EMG Paul Ducotterd et le colonel EMG Jean-François Chouet : aux côtés du lieutenant-colonel Hervé de Weck, le lieutenant Sylvain Curtenaz, rédacteur en second, qui ne tarde pas à convaincre de nombreux jeunes officiers de prendre la plume. Ses obligations professionnelles le contraignent à remettre son tablier en décembre 2003. Devenu entretemps lieutenant-colonel EMG, il ne peut plus mener de front des activités rédactionnelles et ses missions d’officier de carrière engagé tous azimuts en Suisse et dans le Partenariat pour la paix. Il commande pendant six mois la Swisscoy au Kosovo.
Le capitaine de milice Alexandre Vautravers, officier de chars, docteur en histoire, spécialiste de l’armement, jusqu’alors rédacteur adjoint, prend sa succession. Le major EMG Ludovic Monnerat, également de milice, expert en défense et en sécurité, très présent dans les médias, accepte de renforcer l’équipe rédactionnelle. Son site Internet, Checkpoint – Site d’information militaire suisse consacré aux problèmes de défense et de sécurité, le prédestine à travailler l’édition électronique de la RMS.
Entre 1991 et 2006, près de 300 auteurs suisses et étrangers ont offert une contribution plus ou moins régulière à la RMS ; parmi eux, des femmes – trop peu nombreuses – entre autres la Biennoise Marie-Pierre Walliser, les chefs successifs du Service féminin de l’Armée, le colonel Margrit Schilling, Sophie de Lastours, historienne française et spécialiste des forces armées russes et soviétiques.
Quelque 25 auteurs français collaborent à la RMS, dont le général Pierre M. Gallois, le stratège de l’arme nucléaire française, et Philippe Richardot, précieux autant par ses études historiques que par ses textes consacrés à la situation politico-militaire, ainsi que cinq auteurs belges et néerlandais, entre autres Kees Schulten, président de la Commission internationale d’histoire militaire. Un Serbe résidant en Suisse, Ljubomir Matic, qui sait éviter la désinformation et le « Politiquement correct », donne des éclairages intéressants du conflit en ex-Yougoslavie. Dans le numéro de mai 1994, le colonel français Michel Stouff, chef d’état-major de la Force d’action rapide, explique les conditions déplorables dans lesquelles le contingent français de Casques bleus a été engagé en Somalie. En Suisse, la votation populaire sur la Constitution d’un corps suisse de Casques bleus aura lieu le 12 juin. Comme dans l’entre-deux-guerres, la RMS compte sur les apports de l’étranger.
Parmi les auteurs, 38 officiers généraux de l’« Armée 61 », de l’« Armée 95 » et de l’« Armée XXI », tous les commandants du corps d’armée de campagne 1 et des divisions de cette Grande Unité, le divisionnaire Peter Regli, sous-chef d’état-major « Renseignement et sécurité » qui fait bénéficier les lecteurs d’appréciations de situation de haut niveau. Le colonel EMG Jacques F. Baud, expert du renseignement, des services secrets, du terrorisme, de l’anti-terrorisme et du contre-terrorisme, publie des ouvrages majeurs chez Lavauzelle à Paris. Il n’en oublie pas pour autant la RMS et les officiers romands.
La capacité de lecture, la vivacité d’esprit et le refus de la langue de bois du colonel Pierre G. Altermath doivent être soulignés. Pendant 25 ans, cet officier de carrière confie à la RMS des textes percutants, qui ne font pas plaisir à tout le monde, dans le domaine des expériences de guerre et de la préparation à l’engagement. Comment ne pas citer un de ses articles, illustré par Eliane Chytil, Jurassienne et dessinatrice de presse, « A la façon de La Bruyère… : nos amis les chefs »1, dans lequel il fait une typologie comique mais non dénuée de fondement des officiers commandants de corps de troupe. Il y a le gastronome, l’arriviste, l’indépendant, le malchanceux, le passéiste… Ses articles, publiés en français, ne suscitent pas de réactions à Berne. En revanche, une seule contribution en allemand, publiée dans l’Allgemeine Schweizerische Militärzeitschrift, lui vaut une avalanche de réactions acides. Lit-on encore le français au DDPS ? Les chroniques du colonel EMG Mauro Cereghetti – une belle plume – plaisent par leur approche originale et une forme qui donne de l’impact aux messages. Ainsi « L’Armée en 1992… La grenouille, le nénuphar et le colonel »2.
Une quinzaine de professeurs d’université, Romands et Alémaniques, des sous-officiers et des civils apparaissent dans les index. Pierre Maurer, qui travaille dans le terrain pour l’OSCE en Albanie, au Kosovo et en Yougoslavie, apporte un éclairage précieux sur les Balkans et leurs dramatiques problèmes, prenant souvent le contre-pied des médias. L’adjudant sous-officier Vincent Quartier propose des textes originaux sur des sujets peu connus qu’il a l’art de débusquer.
L’ensemble de la période se caractérise par une volonté constante de mettre en lumière, donc de lutter contre la désinformation dans le contexte de la Guerre froide, les contre-vérités, le « Politiquement correct », la mauvaise foi de certains médias ou d’auteurs comme le fameux Jean Ziegler. Il invente une tempête sur Thoune, pendant la Seconde Guerre mondiale, qui fracasse des wagons et fait se répandre sur les voies des armes clandestinement exportées en direction de l’Axe par la Konstruktionswerkstatt. Dans la RMS, des auteurs, soucieux d’objectivité, évoquent des conflits soumis à la loi du silence, dans l’est du vieux continent ou ailleurs, ainsi que les menaces en Europe, les nouvelles dimensions du terrorisme, particulièrement celles qui concernent la Suisse. Dès 1992, un expert de l’Union soviétique montre la réalité des plans d’agression du Pacte de Varsovie, leurs volets qui pouvaient concerner la Suisse, exploitant des sources soviétiques et tchèques, les travaux de l’ancien secrétaire d’Etat allemand à la défense, Lothar Rühl.
Avec « Armée 95 », la stratégie de défense change, on parle de « sécurité par la coopération », ainsi que de « Partenariat pour la paix » qui fait l’objet d’un numéro spécial en avril 2000. La RMS ne cache pas les faiblesses de l’« Armée 95 » et ses problèmes internes. Des officiers de carrière confient au rédacteur en chef leurs soucis, leur découragement et les nombreuses démissions de jeunes camarades. Ils ne veulent pas rédiger un texte, même sous couvert d’anonymat, car les techniques d’analyse sophistiquées pourraient permettre leur identification. Un éditorial paraît, synthèse de leurs propos, signé par le rédacteur en chef, ce qui lui vaut une lettre de remise à l’ordre du chef du Département, Samuel Schmid. Le problème sera pourtant évoqué dans les médias quelques semaines plus tard ! Le chef de l’Armée reproche également à la revue son « mauvais esprit » : il peine à accepter une « critique constructive ».
La RMS met en lumière les partis pris, les affirmations inacceptables dans les travaux et les rapports de la Commission d’experts Suisse – Deuxième Guerre mondiale présidée par le professeur Bergier, qui en arrive à la conclusion que, consciemment ou non, la Suisse a collaboré avec le Reich hitlérien et a prolongé la guerre. Ces experts passent sous silence la politique de défense, la dissuasion et le rôle de l’Armée !
La RMS n’a jamais été un organe du Département de la défense. Elle a toujours expliqué et défendu la nécessité d’une défense nationale crédible, tout en adoptant une attitude de critique constructive. Le Département de la défense, le commandement de l’Armée ne sont pas infaillibles comme le Pape à Rome. Elle n’a jamais parlé la langue de bois, bercé ses lecteurs d’illusions, fait dans l’hagiographie ou la démagogie. Cela n’a pas toujours été compris à Berne… En 1990, la RMS tire à 4000 exemplaires, en 2006 à 2600. Contre vents et marrées, il faut la maintenir, car toutes les tentatives de créer des périodiques militaires bilingues ou trilingues ont débouché sur des échecs fracassants.
2006-à présent : Un renouveau pour la RMS
On sait combien la prospective est délicate et risquée. Les conflits contemporains sont si complexes qu’ils s’expliquent difficilement et se comprennent encore moins à la lecture de l’entrefilet d’un journal gratuit, distribué sur un quai de gare. Comprendre requiert de l’information, du recul et de l’analyse. Résoudre un problème requiert débat et dialogue. Dans un tel environnement, le système de milice suisse donne de solides atouts, des compétences, une ouverture d’esprit et un espace de discussion enviés par nos voisins.
Depuis la fin des années 1990, des critiques sont formulées, en particulier par la Société vaudoise des officiers, concernant la forme et le contenu de la RMS. Celles-ci donnent lieu à un sondage dont les conclusions peuvent se résumer : les textes apparaissent trop longs et trop compliqués pour une lecture cursive, le format, le graphisme et l’illustration sont insuffisantes et donnent une image conservatrice de la revue1.
En 2002-2003, le premier-lieutenant Frédéric Chiolero réalise son mémoire de diplôme sur le Repositionnement de la RMS. Ce travail factuel et détaillé, analysant des chiffres, des bilans et un grand nombre d’entretiens, donne des indications sur l’évolution prévisible du nombre d’abonnés et du tirage, le positionnement possible de la RMS. Continuer avec la RMS modèle 2000 dans le contexte d’« Armée XXI » et au-delà implique des mesures de conservation : réduction du nombre de numéros et du tirage. Celui-ci, qui se maintient autour de 3000 exemplaires, pourrait à l’horizon 2008, passer au-dessous de 1000, si l’on ne fait rien. Cela impliquerait un renchérissement considérable du numéro. Les abonnements de soutien du Groupe des Deux Cents ont permis jusqu’alors de repousser ces échéances. En 2005, ils assurent environ 50’000 francs de rentrées, soit le 30% des recettes. En raison de l’âge moyen de ses membres, il s’agit de préparer la relève et de leur fournir des prestations à hauteur de leur engagement.
2007, une année-charnière pour le périodique militaire romand : changement de rédacteur en chef, changement de format, introduction de la quadrichromie. La RMS+ « Papier » de janvier-février sort de presse. L’évolution de la technologie dans la mise en page informatisée et l’impression tendent à annuler les différences de prix entre le noir-blanc et la couleur. Le nombre de pages et la périodicité ne connaissent pas de changement : 6 numéros annuels, 2 numéros thématiques. En raison de la fréquence de parution, il s’avère illusoire de vouloir coller à l’actualité. La réforme « RMS+ » ne concerne pas tellement le contenu, mais surtout la forme et le graphisme. Il s’agit d’élargir le lectorat, de s’adapter à ses exigences, bref d’acquérir de nouveaux abonnés. La revue, depuis la nuit des temps, a surtout un lectorat d’officiers romands membres des sociétés cantonales d’officiers, propriétaires de la RMS.
La sécurité moderne n’est plus une affaire exclusivement militaire. Actuellement, tout engagement comporte un volet territorial, une coordination étroite avec les autorités et les organisations civiles. L’environnement stratégique contemporain s’avère un ensemble complexe d’acteurs et d’intérêts politiques, économiques, sociaux, culturels et psychologiques. Pour affronter les défis d’aujourd’hui, il faut prêter attention et connaître le contexte, la population, le droit et les enjeux internationaux, ainsi que les sensibilités médiatiques. Les phénomènes complexes nécessitent des approches interdisciplinaires. Les violences urbaines, les migrations, le néo-colonialisme réel ou supposé, la « guerre des civilisations », nécessitent des analyses croisées et l’ouverture aux travaux des sciences humaines.
Au lectorat traditionnel de la RMS, il faut que s’ajoutent les cadres professionnels de l’Armée (de carrière ou contractuels). Avec les réformes « Armée 95 », « DMF 95 » et « Armée XXI »», de nombreuses revues d’entreprise ont disparu au Département de la défense, alors que la collaboration et l’entente doivent devenir de plus en plus étroites entre cadres de milice et cadres professionnels, collaborateurs des administrations militaires fédérales et cantonales, employés civils, décideurs de la Confédération et des Cantons. On ne saurait oublier le monde politique, les responsables de la sécurité au sens large et de l’ordre public, ces structures que l’on appelle communément « feux bleus », également les milieux concernés par la promotion de la paix et le développement.
La revue doit réussir une percée dans l’immense famille des étudiants… Les jeunes générations sont fascinées par les grandes idées humanitaires : droit international, réforme de l’ONU, engagements en faveur de la paix, assistance en cas de catastrophes, aide au développement, justice sociale, sécurité humaine et protection de l’environnement, globalisation et commerce équitable, développement durable, intégration, relations internationales. Elles ont besoin d’être confrontées aux profondeurs des réalités et des expériences. La politique extérieure de la Suisse, les questions de migrations et de démographie, la géopolitique et les transferts de technologie sont des sujets stratégiques auxquels la RMS a, depuis longtemps, ouvert ses pages. Elle a une grosse partie à jouer !
La RMS+ se veut avant tout un espace de débat et de diffusion d’informations provenant de sources officielles suisses ou étrangères, d’une équipe de rédaction qu’il faut constamment étoffer, d’un pool d’auteurs qui font part de leur expérience, de leur opinion, d’un éclairage nouveau. Cet esprit d’ouverture et ces apports garantissent la qualité d’un périodique qui se veut avant tout un espace et un contenu.
La sécurité, la politique de sécurité touchent des domaines tellement vastes qu’il s’avère impossible de tout embrasser. On s’y perdrait. La RMS+ s’efforce par conséquent de suivre sept axes prioritaires :
- Analyse et présentation de l’environnement stratégique international, suivi des événements marquants, des conflits et des domaines influençant les problèmes de sécurité : technologie et armements, économie, démographie, géopolitique, ressources stratégiques, régimes, nouvelles menaces, particulièrement le terrorisme ;
- Mise en évidence de nouvelles tendances ;
- Contribution aux débats sur les questions de politique de sécurité, d’évolution des structures et des moyens de défense ;
- Présentation des forces armées suisses (formations, structures, engagements, commandement) ;
- Eclairages sur le patrimoine et les traditions militaires, avec un intérêt particulier pour l’histoire militaire de la Suisse ;
- Présentation des forces armées étrangères (formations, structures, engagements, commandement, expériences). Couverture des débats et des publications au-delà de nos frontières ;
- Agenda des manifestations, des événements, des conférences et des formations sur les questions de sécurité ; présentation des publications, associations et centres de recherches actifs dans ces domaines.
La RMS remercie le Colonel Hervé de Weck, ancien rédacteur en chef, pour ses contributions à l’historique de la RMS et à la constitution des bibliographies des rédacteurs en chef.