2006-à présent : Un renouveau pour la RMS

On sait combien la prospective est délicate et risquée. Les conflits contemporains sont si complexes qu’ils s’expliquent difficilement et se comprennent encore moins à la lecture de l’entrefilet d’un journal gratuit, distribué sur un quai de gare. Comprendre requiert de l’information, du recul et de l’analyse. Résoudre un problème requiert débat et dialogue. Dans un tel environnement, le système de milice suisse donne de solides atouts, des compétences, une ouverture d’esprit et un espace de discussion enviés par nos voisins.

Depuis la fin des années 1990, des critiques sont formulées, en particulier par la Société vaudoise des officiers, concernant la forme et le contenu de la RMS. Celles-ci donnent lieu à un sondage dont les conclusions peuvent se résumer : les textes apparaissent trop longs et trop compliqués pour une lecture cursive, le format, le graphisme et l’illustration sont insuffisantes et donnent une image conservatrice de la revue1.

En 2002-2003, le premier-lieutenant Frédéric Chiolero réalise son mémoire de diplôme sur le Repositionnement de la RMS. Ce travail factuel et détaillé, analysant des chiffres, des bilans et un grand nombre d’entretiens, donne des indications sur l’évolution prévisible du nombre d’abonnés et du tirage, le positionnement possible de la RMS. Continuer avec la RMS modèle 2000 dans le contexte d’« Armée XXI » et au-delà implique des mesures de conservation : réduction du nombre de numéros et du tirage. Celui-ci, qui se maintient autour de 3000 exemplaires, pourrait à l’horizon 2008, passer au-dessous de 1000, si l’on ne fait rien. Cela impliquerait un renchérissement considérable du numéro. Les abonnements de soutien du Groupe des Deux Cents ont permis jusqu’alors de repousser ces échéances. En 2005, ils assurent environ 50’000 francs de rentrées, soit le 30% des recettes. En raison de l’âge moyen de ses membres, il s’agit de préparer la relève et de leur fournir des prestations à hauteur de leur engagement.

2007, une année-charnière pour le périodique militaire romand : changement de rédacteur en chef, changement de format, introduction de la quadrichromie. La RMS+ « Papier » de janvier-février sort de presse. L’évolution de la technologie dans la mise en page informatisée et l’impression tendent à annuler les différences de prix entre le noir-blanc et la couleur. Le nombre de pages et la périodicité ne connaissent pas de changement : 6 numéros annuels, 2 numéros thématiques. En raison de la fréquence de parution, il s’avère illusoire de vouloir coller à l’actualité. La réforme « RMS+ » ne concerne pas tellement le contenu, mais surtout la forme et le graphisme. Il s’agit d’élargir le lectorat, de s’adapter à ses exigences, bref d’acquérir de nouveaux abonnés. La revue, depuis la nuit des temps, a surtout un lectorat d’officiers romands membres des sociétés cantonales d’officiers, propriétaires de la RMS.

La sécurité moderne n’est plus une affaire exclusivement militaire. Actuellement, tout engagement comporte un volet territorial, une coordination étroite avec les autorités et les organisations civiles. L’environnement stratégique contemporain s’avère un ensemble complexe d’acteurs et d’intérêts politiques, économiques, sociaux, culturels et psychologiques. Pour affronter les défis d’aujourd’hui, il faut prêter attention et connaître le contexte, la population, le droit et les enjeux internationaux, ainsi que les sensibilités médiatiques. Les phénomènes complexes nécessitent des approches interdisciplinaires. Les violences urbaines, les migrations, le néo-colonialisme réel ou supposé, la « guerre des civilisations », nécessitent des analyses croisées et l’ouverture aux travaux des sciences humaines.

Au lectorat traditionnel de la RMS, il faut que s’ajoutent les cadres professionnels de l’Armée (de carrière ou contractuels). Avec les réformes « Armée 95 », « DMF 95 » et « Armée XXI »», de nombreuses revues d’entreprise ont disparu au Département de la défense, alors que la collaboration et l’entente doivent devenir de plus en plus étroites entre cadres de milice et cadres professionnels, collaborateurs des administrations militaires fédérales et cantonales, employés civils, décideurs de la Confédération et des Cantons. On ne saurait oublier le monde politique, les responsables de la sécurité au sens large et de l’ordre public, ces structures que l’on appelle communément « feux bleus », également les milieux concernés par la promotion de la paix et le développement.

La revue doit réussir une percée dans l’immense famille des étudiants… Les jeunes générations sont fascinées par les grandes idées humanitaires : droit international, réforme de l’ONU, engagements en faveur de la paix, assistance en cas de catastrophes, aide au développement, justice sociale, sécurité humaine et protection de l’environnement, globalisation et commerce équitable, développement durable, intégration, relations internationales. Elles ont besoin d’être confrontées aux profondeurs des réalités et des expériences. La politique extérieure de la Suisse, les questions de migrations et de démographie, la géopolitique et les transferts de technologie sont des sujets stratégiques auxquels la RMS a, depuis longtemps, ouvert ses pages. Elle a une grosse partie à jouer !

La RMS+ se veut avant tout un espace de débat et de diffusion d’informations provenant de sources officielles suisses ou étrangères, d’une équipe de rédaction qu’il faut constamment étoffer, d’un pool d’auteurs qui font part de leur expérience, de leur opinion, d’un éclairage nouveau. Cet esprit d’ouverture et ces apports garantissent la qualité d’un périodique qui se veut avant tout un espace et un contenu.

La sécurité, la politique de sécurité touchent des domaines tellement vastes qu’il s’avère impossible de tout embrasser. On s’y perdrait. La RMS+ s’efforce par conséquent de suivre sept axes prioritaires :

  • Analyse et présentation de l’environnement stratégique international, suivi des événements marquants, des conflits et des domaines influençant les problèmes de sécurité : technologie et armements, économie, démographie, géopolitique, ressources stratégiques, régimes, nouvelles menaces, particulièrement le terrorisme ;
  • Mise en évidence de nouvelles tendances ;
  • Contribution aux débats sur les questions de politique de sécurité, d’évolution des structures et des moyens de défense ;
  • Présentation des forces armées suisses (formations, structures, engagements, commandement) ;
  • Eclairages sur le patrimoine et les traditions militaires, avec un intérêt particulier pour l’histoire militaire de la Suisse ;
  • Présentation des forces armées étrangères (formations, structures, engagements, commandement, expériences). Couverture des débats et des publications au-delà de nos frontières ;
  • Agenda des manifestations, des événements, des conférences et des formations sur les questions de sécurité ; présentation des publications, associations et centres de recherches actifs dans ces domaines.

1 Cette partie doit beaucoup à l’article « RMS+ » d’Alexandre Vautravers paru dans le livre La Revue militaire suisse, un périodique indépendant. 150 ans d’engagement pour une défense crédible. 1856-2006. Lausanne, Association de la Revue militaire suisse, 2006, pp. 168-172.

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