Colonel Fernand Feyler (1863-1931)

Issu d’une famille d’origine badoise admise à la bourgeoisie de Romanel-sur-Morges en 1857, Fernand Feyler naît à Lausanne le 16 mai 1863. Lieutenant d’infanterie, il obtient son brevet d’avocat à l’âge de vingt-sept ans. Un an plus tard, il est nommé rédacteur en chef du Nouvelliste vaudois, fonction qu’il assumera jusqu’en 1907. Le 26 mars 1896, capitaine, il succède à son oncle, le colonel divisionnaire Lecomte, devenant, avec le grade de capitaine, gérant, co-propriétaire et directeur de la RMS. Fernand Feyler lui insuffle un souffle nouveau sans en changer l’esprit. En 1909, il lance avec succès Le Drapeau suisse, un périodique plus modeste d’allure, plus populaire que la RMS, «destiné à développer chez la jeunesse suisse et chez les futurs citoyens-soldats le sentiment national, les qualités sportives et militaires, le goût de l’histoire, l’amour du pays et de son Armée.»

Le colonel Feyler fait partie, en 1906, de la Commission fédérale pour la révision du Règlement d’exercice de l’infanterie. Après deux ans d’enseignement à l’Université de Lausanne, il est nommé professeur de sciences militaires à l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich. Pendant la Première Guerre mondiale, il est correspondant du Journal de Paris, chroniqueur militaire du Journal de Genève. Il milite en faveur de l’entrée de la Suisse à la Société des Nations et, en 1923, il devient rédacteur à la Gazette de Lausanne. Il meurt en 1931 à Ecublens, après trente-cinq ans d’activité à la tête de la RMS.

Fernand Feyler, loin d’être handicapé par une très pénible surdité, est doué d’une intelligence mobile et d’une grande aptitude à analyser les événements et à en prévoir les conséquences. Il fait souvent profiter, en primeur, les lecteurs de la RMS des fruits de ses réflexions. A la veille de la Première Guerre mondiale, craignant de ne pouvoir assurer la publication et la livraison de la revue, il prévient ses lecteurs dans le numéro d’août 1914, et termine par ces mots: « Actuellement, l’heure n’est plus de lire; chacun n’a qu’une chose à quoi penser: faire son devoir. » Sa renommée dépasse largement nos frontières. En France, Le Temps du 13 juillet 1931 note que le colonel Feyler « possédait dans le domaine des choses militaires, une sorte de don de prescience, qui ne devait pas tarder à faire de lui le commentateur le plus écouté des événements qui se déroulaient sur les divers fronts. »

Parmi ses ouvrages : La Suisse sous les armes, organisation militaire illustrée (1914), La guerre européenne – Avant-propos stratégiques: la manoeuvre morale sur le front d‘Occident (1915), livre couronné par l’Académie française, La crise politique suisse pendant la guerre (1916) et La Ligue des Nations et la neutralité de la Suisse (1919), La campagne de Macédoine en deux volumes (1920-1921), La Suisse stratégique et la guerre européenne (1924). 

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