Ludovic Monnerat

Les manoeuvres confuses d'Ueli Maurer

Le moins que l'on puisse est que la confusion règne au sommet du Département de la Défense, de la Protection de la population et des Sports (DDPS). Cette semaine, la Weltwoche a ainsi révélé le document de base produit par le DDPS en vue des discussions de Wattenwyl entre le Conseil fédéral et les partis. Comme l'étude du document mis en ligne le permet, il s'agirait de réorienter fondamentalement l'armée pour en faire un instrument centré sur l'appui aux autorités civiles, et non sur la capacité de faire la guerre. En d'autres termes, une transformation en auxiliaire de la police et d'autres organisations civiles et cantonales.

Pourtant, durant les entretiens en question, ce vendredi 7 mai, Ueli Maurer lui-même n'a pas défendu cette base de discussion, laquelle a de toute évidence été élaborée dans intégrer les responsables de l'armée, puisqu'elle contredit - d'après plusieurs affirmations - le contenu du futur rapport d'armée (sans même parler du projet de RAPOLSEC). Le Chef du DDPS critique aujourd'hui la Weltwoche et l'accuse d'avoir mal compris le texte, mais la renonciation à la primauté de la capacité de combat figure bel et bien dans ce dernier. S'agit-il d'une provocation s'inscrivant dans une tactique définie ou d'une bévue comme les administrations peuvent en commettre ?

Il est en tout en cas bien difficile de ne pas partager l'impression selon laquelle les autorités politiques responsables de la sécurité du pays et du développement d'un instrument majeur à cette fin, à savoir l'armée, ne démontrent une compétence éclatante en la matière.

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L'armée engagée en appui à Montreux
Les attentats terroristes qui ont frappé les États-Unis le 11 septembre 2001 ne sont à l'évidence pas assez lointains pour qu'un recul suffisant puisse être pris ; au vu des nombreux commentaires prononcés ou écrits ces jours dans les médias, la lecture de cet événement reste profondément marquée par le prisme de l'opposition à la guerre en Irak, au point que le contexte de l'époque tend à disparaître sous les arguments, les condamnations et les arguties. La clarté qui prévalait au lendemain des attaques - perçues comme un acte de guerre s'inscrivant dans le djihad déclaré par Al-Qaïda - a largement disparu. La transformation même de la guerre, comme cette journée l'a illustrée avec fracas, n'a pas pénétré les esprits. Pourtant, comme on pouvait déjà le mesurer à l'époque, le détournement de 4 avions de ligne par 19 djihadistes afin d'en faire des missiles guidés reste un événement charnière, le révélateur d'un basculement : l'État-nation contemporain n'est plus le maître de la guerre, et des organisations non étatiques sont désormais capables de lui porter des coups très durs, au cœur même de sa puissance politique, économique et militaire. Le fait que l'attaque la plus meurtrière menée sur sol américain depuis le 11 septembre 2001 ait été une fusillade sur une base militaire montre certes le fruit du resserrement des mesures de sécurité, mais plus encore l'effet de l'exportation du conflit vers d'autres régions. Ce vacillement de l'État par l'épée, à l'exemple de la superpuissance américaine, s'est dans l'intervalle notablement élargi. L'État-providence à l'européenne est aujourd'hui à bout de souffle, et doit s'imposer des coupes budgétaires qui, loin d'opposer le beurre aux canons, vont réduire l'un comme les autres. L'autocratie arabo-musulmane est ébranlée par la colère des peuples, révoltés par le manque à la fois de prospérité et de justice, et seules les pétromonarchies semblent pour l'heure juguler la révolution qui les menace. La légitimité des États, à travers la sécurité qu'ils peuvent garantir, les services qu'ils peuvent offrir, les revendications qu'ils peuvent intégrer, les conditions-cadres qu'ils peuvent préserver, est toujours plus menacée. A propos du 11 septembre et de ses suites, c'est donc la lutte entre États et non États pour la conquête et/ou la maîtrise des esprits, des marchés et des espaces - faisant partie des enjeux du conflit - qui devrait constituer la principale grille de lecture. A cet égard, pour la coalition d'États occidentaux en lutte face aux réseaux djihadistes, il faut relever que la campagne d'Afghanistan - qui ne permet pas de parvenir à des résultats majeurs - constitue un investissement disproportionné de ressources, alors que la campagne d'Irak - qui a occasionné une immense attrition des djihadistes dans leur légitimité comme dans leur capacité - s'est avérée nettement plus rentable. L'endurance des États reste cependant leur principale faiblesse. A cet égard, il est évident que les aspects financiers et économiques ont fortement gagné en urgence ces dernières années. Contrairement à ce que l'on peut souvent lire, les dépenses liées à ces campagnes n'ont pas d'effet déterminant sur l'évolution des finances publiques, puisque même aux États-Unis la part de la défense dans le budget ne dépasse pas 20%, ce qui est historiquement bas en temps de guerre. En revanche, dès lors que les dépenses sociales propulsent un État dans la spirale du surendettement, et que viennent se greffer sur ce déséquilibre une balance commerciale fortement déficitaire, une croissance économique en panne et des établissements bancaires sous-capitalisés, il ne faut pas compter sur une capacité sérieuse de maîtriser quoi que ce soit.
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L'armée engagée en appui à Montreux
Ainsi donc, la communauté internationale - sous l'impulsion notable de la France, tant politiquement que militairement, mais sous la conduite des États-Unis - a décidé s'opposer par la force au colonel Kadhafi. Ce n'est évidemment pas une nouveauté : non seulement Paris a déjà mis en échec l'irrédentisme du maître de Tripoli lorsque ce dernier jetait ses colonnes vers le Tchad, mais Washington a mené à réitérées reprises des opérations de combat dans l'espace aérien libyen entre 1981 et 1989. On peut du reste relire avec intérêt ces épisodes (cf Joseph Stanik, El Dorado Canyon, Naval Institute Press, 2003) pour mesurer l'évolution des forces en présence depuis trois décennies. Les activités militaires des premières heures de l'opération « Aube de l'odyssée », pour reprendre la désignation américaine, l'ont démontré : les forces armées loyales au colonel Kadhafi n'ont pu empêcher la prise de contrôle de l'espace aérien libyen et son utilisation pour des frappes qui semblent avoir pris par surprise plusieurs formations mécanisées impliquées dans la poussée vers Benghazi. Le déploiement en cours de forces supplémentaires, du côté de la coalition, ne laisse aucun doute sur sa capacité à maintenir cette zone d'interdiction aérienne qui couvre une grande partie de la Libye. Et à l'exploiter pour d'autres frappes air-sol. Si les objectifs de l'opération - imposer cette zone de non-survol et empêcher l'écrasement des rebelles - semblent donc à portée de main, il n'en demeure pas moins que cette action limitée, pour reprendre la précision de l'administration Obama, est semblable à toutes les autres actions limitées, réactives et proportionnelles : en visant à contenir un adversaire, elles lui cèdent par avance toute initiative et s'inscrivent nécessairement dans une dimension temporelle particulièrement extensible. Il suffit à Kadhafi d'être patient, de mener sa guerre de l'information, d'exploiter les frappes pour consolider son pouvoir, et ainsi d'user la résolution comme la patience des capitales occidentales. Certes, celles-ci ont de toute évidence des moyens d'action au sol, destinés à renforcer et à multiplier les capacités de rebelles : des agents des services de renseignement (le Canard Enchaîné révélait ce mercredi que la DGSE livrait des armes lourdes aux insurgés) et probablement quelques détachements de forces spéciales (comme semblent l'indiquer la précision et l'effet des bombardements). Mais procéder à un changement de régime à Tripoli ne fait pas partie des résolutions 1970 et 1973 de l'ONU, même si les Libyens peuvent y parvenir, et utiliser l'insurrection libyenne comme l'Alliance du Nord fin 2001 en Afghanistan ne semble pas exactement l'intention de la coalition. Est-ce que les forces armées occidentales se sont engagées dans une odyssée sans fin ? Faute de rechercher une victoire militaire, et non de simples succès, c'est déjà la recherche d'une solution politique négociée qui semble la seule manière de l'éviter.
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L'armée engagée en appui à Montreux
Ces dernières semaines, les révélations concernant des pratiques contestables se sont succédées dans les médias. Récemment, ce sont les salaires de consultants externes qui ont été placés sous les feux de la rampe : après le cas gênant du brigadier Wüthrich, dont le contrat de travail a été interrompu quelques jours après la publication de son salaire, ce sont les consultants engagés par le chef DDPS pour résoudre les difficultés informatiques qui sont à présent montrés du doigt. Une situation difficile lorsque le personnel du Département se voit soudain privé des primes d'engagement récompensant les performances exceptionnelles. Une autre affaire délicate est celle de l'officier condamné pour avoir volé de l'explosif à l'armée et l'avoir mis à feu dans l'immeuble habité par son ex-compagne, et qui pourtant a été réengagé par l'armée pour être récemment promu colonel. Même si la rédemption existe, même si l'ancienneté des faits peut expliquer la possibilité d'une telle promotion, cela rappelle tout de même des ratés à répétition sur le plan du personnel - depuis le faux docteur Sudaro, qui avait falsifié tous ses titres académiques, jusqu'au commandant de corps Nef, dont les actes de harcèlement à l'endroit de son ex-compagne posaient des problèmes éthiques plutôt consistants. Toutes ces révélations, qui soulignent des erreurs d'appréciation sinon au moins de communication, s'ajoutent à des contradictions et à des fluctuations fréquentes quant au cap fixé pour l'évolution de l'armée. On peut certes les interpréter comme des thèmes furtifs choisis par une presse qui, pause estivale oblige, peine à trouver de quoi divertir ses lecteurs et consolider son audience. On devrait pourtant davantage s'intéresser à l'effet démobilisateur qu'elles peuvent avoir sur un personnel qui a, plus que jamais, besoin d'avoir confiance en ses chefs, qu'ils soient politiques ou militaires.
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L'armée engagée en appui à Montreux
Comme les médias l'ont révélé aujourd'hui, la situation financière difficile de l'armée a entraîné des mesures d'urgence  visant à diminuer les coûts du personnel : selon les directives transmises par le Chef de l'Armée,  un blocage complet au niveau du personnel doit être immédiatement mis en place, et toutes les démarches visant à engager quelqu'un au sein de l'armée doivent être stoppées et annulées. De même, les primes de performance sont supprimées, les augmentations de salaires liées à un nouveau poste seront limitées, alors que les primes de fidélité devraient être prises en jours de congé, et non en argent. Les économies dégagées par ce train de mesures, selon les déclarations du porte-parole de l'armée, ne peuvent pas être chiffrées, mais doivent permettre d'avoir en fin d'année une vision plus claire. Les conséquences négatives sur le personnel de l'armée, dans son activité quotidienne comme dans son renouvellement, ne sont pas sous-estimées ou ignorées. Toutefois, c'est pour éviter des mesures encore plus drastiques - comme des licenciements - que ces décisions ont été prises, alors que le manque de crédits au sein du DDPS est dénoncé depuis des mois par Ueli Maurer comme par André Blattmann. Malgré cela, il est regrettable que ces annonces inopinées et significatives soient faites en parallèle de révélations gênantes sur le plan du personnel, comme le conseiller spécial engagé sans mise au concours au niveau du CdA ou comme le salaire versé comme consultant en plus de sa retraite complète à l'ancien commandant de la br inf 7. Il est difficile en effet de mettre au premier plan la conscience des coûts et la nécessité d'économiser, alors que certaines décisions ou certaines pratiques ne semblent pas marquées par le même état d'esprit.
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L'armée engagée en appui à Montreux
Le Conseil fédéral a décidé aujourd'hui de maintenir la solution de la preuve par l'acte pour l'admission au service civil, et donc de ne pas réintroduire un "examen de conscience" comme condition préalable de toute procédure dans ce sens. Cette décision se fonde sur un rapport du Département fédéral de l'économie, qui conclut notamment que l'augmentation drastique des demandes d'admission au service civil ne menace pas les effectifs de l'armée à moyen terme. Un nouveau rapport sera néanmoins établi d'ici la fin 2012, avec une révision possible en 2013. Après des mois de plaintes pourtant justifiées du côté du DDPS comme de l'armée, suite à la multiplication des demandes (y compris au sein des cadres), le Conseil fédéral a donc refusé d'infléchir le cap. Un constat doit notamment être fait : la mesure d'urgence prise ces derniers mois, et consistant à empêcher (comme par le passé) les militaires déposant une demande d'admission d'être immédiatement libérés de leurs obligations, a abouti à une nette diminution des demandes lors des écoles de recrues du printemps 2010. La possibilité de pouvoir instantanément échapper au devoir de servir sous les drapeaux, y compris sur un coup de tête, a donc joué un rôle dans le phénomène. Malgré cela, la question du service civil et l'inaptitude au service militaire proportionnellement importante au sein d'une classe d'âge restent des menaces pour le système de milice tel que nous le connaissons, et donc pour la prise en charge par le citoyen-soldat de la responsabilité de défendre et de protéger le pays. Alors que les enquêtes d'opinion montrent un soutien constant pour l'armée au sein de la population, mais avec une légère préférence pour une armée de métier (sans que les coûts d'un tel modèle soient présentés au sondés, ceci dit), ces aspects doivent impérativement être pris en compte dans la définition et dans le développement de la politique de sécurité.
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L'armée engagée en appui à Montreux
Avec l'approbation aujourd'hui du Conseil des États sans aucune opposition, l'engagement de l'armée au profit des autorités civiles dans le cadre du Sommet de la francophonie, qui aura lieu du 20 au 24 octobre prochains à Montreux, est définitivement approuvé. Au total, jusqu'à 6500 militaires peuvent être engagés, avant tout dans la protection des bâtiments et des personnes, dans la sécurité de l'espace aérien et dans la logistique. Le coût de cette contribution militaire est devisé à 4 millions de francs. Ce type d'engagement subsidiaire en Suisse est désormais une prestation bien rôdée, qui permet l'organisation et la sécurisation d'événements importants pour lesquelles les ressources civiles sont, qualitativement comme quantitativement, insuffisantes. On se rappelle qu'en mai-juin 2003, à l'occasion du Sommet du G8 à Évian, l'armée avait engagé avec succès quelque 5600 militaires dans des tâches d'appui, de surveillance et de garde (opération "COLIBRI). Chaque année se déroule en outre un engagement comparable pour la sécurisation du forum écononomique mondial de Davos (WEF) ; le dernier en date, en janvier et février, avait une limite d'effectifs fixée à 5000 militaires. Ces engagements ponctuels sont chaque fois une bonne occasion pour l'armée de démontrer un savoir-faire unique dans la maîtrise des espaces, terrestre comme aérien, ainsi dans les domaines transversaux (logistique, aide au commandement). L'habitude de ces engagements et le fait qu'ils soient les seuls d'une certaine envergure font cependant courir le risque de comprendre l'armée comme un réservoir de prestations à disposition selon les besoins, et non comme un outil conçu pour faire face aux menaces stratégiques de nature conflictuelle. Pour de nombreux décideurs, ce risque est du reste déjà devenu réalité...
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Le moins que l'on puisse est que la confusion règne au sommet du Département de la Défense, de la Protection de la population et des Sports (DDPS). Cette semaine, la Weltwoche a ainsi révélé le document de base produit par le DDPS en vue des discussions de Wattenwyl entre le Conseil fédéral et les partis. Comme l'étude du document mis en ligne le permet, il s'agirait de réorienter fondamentalement l'armée pour en faire un instrument centré sur l'appui aux autorités civiles, et non sur la capacité de faire la guerre. En d'autres termes, une transformation en auxiliaire de la police et d'autres organisations civiles et cantonales. Pourtant, durant les entretiens en question, ce vendredi 7 mai, Ueli Maurer lui-même n'a pas défendu cette base de discussion, laquelle a de toute évidence été élaborée dans intégrer les responsables de l'armée, puisqu'elle contredit - d'après plusieurs affirmations - le contenu du futur rapport d'armée (sans même parler du projet de RAPOLSEC). Le Chef du DDPS critique aujourd'hui la Weltwoche et l'accuse d'avoir mal compris le texte, mais la renonciation à la primauté de la capacité de combat figure bel et bien dans ce dernier. S'agit-il d'une provocation s'inscrivant dans une tactique définie ou d'une bévue comme les administrations peuvent en commettre ? Il est en tout en cas bien difficile de ne pas partager l'impression selon laquelle les autorités politiques responsables de la sécurité du pays et du développement d'un instrument majeur à cette fin, à savoir l'armée, ne démontrent une compétence éclatante en la matière.
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L'armée engagée en appui à Montreux
Les discussions intenses sur l'emploi futur de l'armée, face à l'ensemble de menaces et risques diffus de notre temps, vont toujours bon train. On apprend ainsi en lisant la presse dominicale (en l'occurrence le Sonntagszeitung) que l'UDC a établi un nouveau document résumant ses positions à ce sujet, et qu'elle compte engager l'armée avant tout face aux menaces terroristes contemporaines (par exemple suite à une attaque du type Mumbai en 1998) ainsi que face aux attaques cybernétiques. Par ailleurs, le Mouvement citoyen genevois (MCG) fait à nouveau parler de lui en demandant l'engagement de l'armée aux postes frontières du canton de Genève, et ceci pour faire face à la montée de la criminalité. D'après le MCG, la Confédération ne met actuellement pas suffisamment de moyens pour empêcher l'entrée de malfrats venus de France, et attirés notamment par le laxisme prêté à la justice cantonale. Ces revendications diverses peuvent naturellement prêter le flanc à la critique, tant elles semblent déconnectées de toute vision d'ensemble. Mais c'est bien le désarroi visible de la classe politique face aux problèmes de sécurité et à leur évolution, et donc sa difficulté à lier les risques et dangers à des réponses adaptées ainsi qu'à leur mise en oeuvre institutionnelle, qui frappent en la matière.
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L'armée engagée en appui à Montreux
A l'occasion d'une rencontre bilatérale, la France et l'Italie ont annoncé leur intention de créer une brigade alpine franco-italienne, qui devrait être opérationnelle d'ici 2013. Conçue sur le modèle de la brigade franco-allemande créée en 1989, et dont les unités sont réparties de part et d'autre de la frontière, cette nouvelle formation vise à la planification et à l'exécution d'opération en montagne, l'Afghanistan étant cité comme un secteur d'engagement potentiel. Cette nouvelle étape dans la mise en commun au niveau européen des capacités militaires montre que la coopération bilatérale reste la voie la plus simple dans ce but. Elle s'appuie également sur des infrastructures et des unités déjà disponibles, et dont permet - du moins en théorie - de consolider ce qui existe déjà et de faire potentiellement des économies d'échelle, notamment dans des produits de niche complexes. Ce n'est du reste pas un hasard que la capacité à maîtriser le milieu montagneux a bénéficié ces dernières années d'un regain d'intérêt : au-delà de l'Afghanistan, les zones de montagne restent un milieu particulièrement difficile, et donc attrayant pour des acteurs irréguliers désireux de se soustraire à la force de frappe des formations militaires conventionnelles, et adeptes par nécessité de pratiques insurrectionnelles.
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L'armée engagée en appui à Montreux
Le sondage annuel effectué par Vimentis (ex-Perspective Suisse) visant à mesurer les opinions politiques du peuple suisse et réalisé auprès de quelque 20'000 personnes, avec une méthodologie aboutissant à une tolérance statiques de +/- 4%, s'est pour la première fois penché sur la question de l'armée. Les résultats sont sans appel : 54% des Suisses veulent une armée de milice, 31% veulent une armée professionnelle et 12% ne veulent aucune armée en Suisse, 3% n'ayant pas d'avis. A l'heure où chaque polémique au sujet de l'armée est interprétée dans les médias comme les preuves d'un naufrage inévitable, ces chiffres ont le mérite de resituer le débat et de rappeler que les opinions de la population, sur la question de l'armée au sens large, sont remarquablement stables. Les modalités de mise en oeuvre peuvent en revanche être contestées : le même sondage montre que 39% des Suisses (et 50% des Suissesses) veulent une interdiction de l'arme de service à domicile, 31% un libre choix laissé au militaire, 20% un maintien conditionnel de l'arme et 9% un maintien inconditionnel. Il est intéressant de relever que ce sondage, effectué via Internet mais redressé sur la base d'identifiants individuels, avait en 2007 annoncé une majorité de Suisses pour l'interdiction de la construction de minarets dans le pays. Dans cette perspective, il apparaît clairement que le développement de l'armée doit être axé sur un système de milice, mais que ce dernier doit être adapté aux réalités de notre temps, et que le rôle du citoyen-soldat doit être davantage approfondi et consolidé.
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