Marc-Ariel Zacharia

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Seuls 12% des Suisses contre l'armée
Soyons clairs, le Hezbollah est l'agresseur. Le Conseil de sécurité l'a confirmé et reconnu comme tel dans sa résolution 1701. Le Hezbollah, émanation de la guerre civile libanaise, est né en 1982 d'une scission de la milice chiite amal. Dès le départ, il a été soutenu par la Syrie et par l'Iran dont il a toujours été considéré comme le bras armé et l'instrument de résistance à la présence israélienne au Liban et dans la région en général. Or, depuis 2000, Israël a quitté unilatéralement le territoire libanais vidant ainsi tout contentieux territorial avec son voisin du nord. Pour mémoire, la résolution 1559 (2004) du Conseil de sécurité demandait au Liban de démanteler le Hezbollah et de déployer son armée dans le Sud. Il s'agissait de mettre fin à cette dangereuse anomalie consistant à laisser une milice hors de toute maîtrise de l'état national, aux ordres de l'Iran et de la Syrie, contrôler la frontière libano-israélienne. Pour justifier sa guerre d'usure contre l'état hébreu, le Hezbollah invoque l'occupation des fermes de Chebaa ainsi que celle de la « grande Palestine », soit le territoire israélien lui-même. Si ce dernier prétexte, délirant en soi, paraît rhétorique, la problématique des fermes de Chebaa est la conséquence d'une manipulation syrienne. En effet, cette petite bande de terre située au nord du plateau du Golan, à la frontière avec le Liban, a prétendument été cédée par la Syrie au Liban sans que cette cession n'ait pu être documentée formellement. Dès lors, l'ONU n'étant jamais entrée matière, ces fermes sont restées syriennes et n'ont aucun lien avec un quelconque contentieux libano-israélien. Partant, le Hezbollah, originellement mouvement de résistance, n'a aucun motif pour attaquer l'Etat d'Israël, sauf celui de l'annihiler, pour le compte de ses commanditaires. Suite aux attaques du Hezbollah du 12 juillet dernier, Israël a confié à Tsahal les missions principales de récupérer les deux soldats enlevés ainsi que de désarmer la milice terroriste chiite. Force est de constater que le premier objectif n'a pas été atteint. La résolution parle tout de même dans ses prémices d'une libération inconditionnelle. Concernant le deuxième objectif, le succès est en demi-teinte. Les atermoiements de l'échelon politique ainsi que les engagements progressifs des moyens de combat ont gaspillé la fenêtre d'opportunité stratégique, ne laissant plus à Tsahal le temps de terminer la neutralisation du Sud Liban. D'un point de vue militaire, il nous faut comparer ce qui peut l'être et ne pas nous appuyer uniquement sur les faits d'armes du passé. Si en 1982 Tsahal a pu atteindre Beyrouth en une semaine, il faut retenir que le Sud Liban n'avait pas de renforcement de terrain et que la voie vers la capitale était ouverte. Au contraire, depuis le retrait de Tsahal en 2000, le Hezbollah a largement eu le temps de renforcer le terrain, voire de le fortifier en construisant nombre de bunkers et autres tunnels. La milice chiite a mis à profit cette période afin de s'entraîner à la confrontation avec une armée moderne sous la direction des gardiens de la révolution iranienne. La Syrie ainsi que l'Iran ont largement pourvu le Hezbollah en armements performants. Dès lors, il n'y a rien d'étonnant aux difficultés de Tsahal, dans la mesure où elle avait affaire à une petite armée structurée, disciplinée, équipée et surtout fanatique. Certains membres de l'administration israélienne la considèrent d'ailleurs comme étant une division des forces armées iraniennes. En remettant les choses en perspective, il sera aisé de se rendre compte du sérieux coup de boutoir que Tsahal a infligé au Hezbollah en considérant qu'il a perdu environ 20 % de son effectif, soit près de 600 hommes ainsi que 60% de son arsenal de missiles et de roquettes. Il n'en demeure pas moins que ce qui reste constitue toujours une menace non négligeable pour les civils israéliens, cibles prioritaires du Hezbollah. Dès lors, on peut déplorer que l'invasion terrestre n'ait été lancée plus tôt, afin de supprimer la menace de la milice chiite, cette dernière arrivant à bout de souffle. Partant, c'est sans peine que l'on pourra comprendre son soudain empressement à accepter l'arrêt des hostilités et la mise en place de la résolution 1701 du Conseil de sécurité, tout en précisant qu'elle ne désarmera pas... A l'heure où le présent texte est mis en forme, le gouvernement libanais, qui a déjà annoncé que son armée ne désarmerait pas le Hezbollah, vient de passer un accord avec la milice terroriste l'autorisant à garder au secret ses armes dans le Sud Liban. Cet accord contrevient ainsi clairement à la résolution 1701 du Conseil de Sécurité, laquelle indique sans ambiguïté que les seules entités autorisées à rester armées dans le Sud Liban sont précisément l'armée libanaise, forte de 15'000 hommes, et la FINUL renforcée, elle aussi forte de 15'000 hommes. Le 16 août 2006, Kofi Annan déclarait à son tour que le rôle de la FINUL n'était pas de désarmer le groupe terroriste, mais seulement d'y contribuer. L'armée libanaise ne disposant pas de réelles capacités militaires, étant même plus faible que le Hezbollah qu'elle est censée désarmer, le gouvernement libanais se trouve dans une situation qu'il ne peut pas gérer seul, même s'il le voulait, sauf au prix d'une nouvelle guerre civile. N'oublions pas que l'armée libanaise est elle-même composée à 60 % de chiites. Il apparaît dès lors parfaitement évident que le rôle de la FINUL est bel et bien de participer au désarmement, voire d'y procéder, contrairement à l'affirmation de Kofi Annan. La lecture de l'article 12 de la résolution 1701 paraît à ce sujet limpide : « Le Conseil de sécurité, [...] autorise la FINUL à prendre toutes les mesures nécessaires dans les secteurs où ses forces sont déployées et, quand elle le juge possible dans les limites de ses capacités, de veiller à ce que son théâtre d'opération ne soit pas utilisé pour des activités hostiles de quelque nature que ce soit [...] ». A l'heure actuelle, parmi la dizaine de pays qui se sont annoncés pour fournir des troupes à la FINUL renforcée, figurent, à côté de la France et de l'Italie, la Malaisie et l'Indonésie. Dans l'idée de rallier le plus grand nombre de nations à l'acceptation d'un règlement pacifique des conflits, il est compréhensible et souhaitable que la participation soit la plus large possible. Il est toutefois permis de fortement douter de l'efficacité intrinsèque d'une FINUL renforcée composée pour partie de troupes musulmanes et ayant pour mandat de participer au désarmement de la milice chiite terroriste dont les idées sont, sinon partagées, du moins largement diffusées et répandues dans les opinions publiques de ces pays. Leur participation s'annonce toutefois limitée. Par ailleurs, il faudra plusieurs mois pour mettre sur pied cette FINUL renforcée, obligeant ainsi Tsahal à rester au Sud Liban pour une période plus longue que prévue, sous peine de créer un vide que le Hezbollah s'empressera de combler, menaçant à nouveau le nord d'Israël. Ainsi, en reprenant les déclarations du secrétaire général de l'ONU, du gouvernement libanais et pour cause de contraintes bureaucratiques et techniques de la mise sur pied du contingent renforcé, il est aisé de se rendre compte que la résolution 1701 est partie pour tourner à la farce. Deux options se présentent. Soit la FINUL s'interpose dans les meilleurs délais et applique la résolution 1701, auquel cas, elle sera obligée de terminer le travail de Tsahal, soit elle se montre inefficace et Tsahal sera alors légitimée d'intervenir à nouveau pour s'opposer à la menace terroriste. Au vu des discussions actuelles sur les règles d'engagement de la FINUL, notamment par la France, laquelle est pressentie pour en reprendre le commandement, et les demandes d'armement lourd faites par les Italiens, les Européens se rendent bien compte que l'entreprise ne sera pas aisée. Si un règlement politique est évidemment toujours souhaitable et préférable, il faut admettre que la nature du présent conflit peut difficilement trouver une issue négociée, dès lors: qu'il n'y a pas de dénominateur commun entre l'Etat d'Israël et le Hezbollah, que le conflit a lieu sur un territoire tiers, dont le gouvernement ne peut ou ne veut rétablir la sécurité et la stabilité, et que les deux partis recherchent l'annihilation de leur ennemi. Dès lors, dans le but d'établir une paix durable dans la région, la communauté internationale doit prendre ses responsabilités en exigeant le désarmement du Hezbollah. Dans le cas contraire, le gouvernement israélien a déjà indiqué qu'il s'en chargerait, l'affaire étant d'une importance vitale.    Premier-lieutenant Marc-Ariel Zacharia   Source : EclairaGE No.7, 2006 Légende : armes du Hezbollah capturées, 14.8.06 (source IDF)
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